Relocaliser : une révolution dangereuse pour le voyage d’affaires ?

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En 2020, les voyages d’affaires se limiteront ils à la France ou, au plus loin, à l’Europe ? C’est la question que l’on peut se poser après la décision d’Apple de relocaliser la production des Mac aux Etats-Unis.

Apple produit au Texas avec Samsung – principal rival et fournisseur, une curiosité – des microprocesseurs pour iPhone et iPad. Le verre de ces deux articles est produit dans le Kentucky. Et l’année prochaine, Apple va produire la plus grande partie de ses Mac aux Etats-Unis, en Californie. Une solution choisie par la firme à la Pomme pour remplir deux objectifs : être moins dépendante de ses importations chinoises, et réduire ses coûts logistiques. Apple est l’exemple d’une petite révolution en cours. D’une part les américains sont de plus en plus sensibles au Made in USA dont ils se moquaient il y a quelques années comme de leur premier Burger. C’est ce mouvement qui a notamment permis à GM de rebondir à Détroit pour produire des voitures américaines, mais désormais petits modèles. D’autre part, la qualité de l’atelier chinois est désormais discutée, pour toutes sortes de raisons : coûts en hausse, production à la va-vite, copies en série de la production d’origine générant de la concurrence. Mais aussi, et peut être désormais surtout, coûts logistiques. La tendance est plus que jamais à produire localement pour consommer localement. C’est sur ce principe que Renault, il y a 20 ans, s’est mis à produire au Brésil, pour distribuer en Amérique Latine. C’est pour cette raison que Toyota produit à Valencienne : pour inonder le marché européen. Et si la Chine va, à mesure des années, rester la grande fabrique que l’on connait, ce n’est sans doute pas à l’avenir pour la réimportation en Europe. Elle consommera sa production. Le mouvement installé pour l’automobile est clairement en marche pour les petites pièces en série. Contrôle de qualité, surveillance accrue de la production et de ses débouchés, limitation des frais de transports, toutes ces raisons poussent la production à se faire de plus en plus localement pour la zone géographique dédiée.

C’est une vague de fond et de long terme qui se met en place. Dans ce contexte, quid du voyage d’affaires ? Un nouveau développement, sans nul doute ! Renault produisant au Brésil n’a pas réduit le nombre de déplacements des collaborateurs de la marque au losange. En plus des expatriés, il faut bien que des liaisons soient établies entre la filiale et le siège et surtout, localement, entre les usines et les pays de distribution. L’Europe, qui est déjà notre premier partenaire - et largement - devrait le rester, renforçant ainsi la tendance du One Day trip que l’on connait depuis quelques années. Et cela n’empêchera pas les ingénieurs où les techniciens d’aller vérifier les contrats, les installations et la production dans les pays du bout du monde ! Business, as usual… Votre avis ?

Annie Fave