Rio plus dangereuse que jamais

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La ville de Rio, en pleine offensive contre les mafias des favelas, subit le déplacement des groupes de gangsters. Depuis le mois d’août, les évènements violents se multiplient: « arrastões » (vols massifs en groupe), fusillades en pleine rue, morts par balles perdues, attaques contre la police, blocages de voies de circulation pour braquer les automobilistes. "Il s’agit là du contrecoup de la mise en place des UPP (unités de police pacificatrice), le programme phare de sécurité publique de l’état de Rio de Janeiro, avec pour objectif final, la sécurisation de la ville pour la Coupe du Monde 2014 et les Jeux Olympiques 2016", explique un expert de Géos sur place..

Rio plus dangereuse que jamais
“Rio de Janeiro vive um momento ruim em relação a segurança” (RIO vit un mauvais moment au niveau de la sécurité): c'est par ces mots que le maire de Rio, Eduardo Paes, a démarré une conférence de presse le 8 octobre, suite à la recrudescence d’actes criminels dans toute la ville. Les autorités ont fourni de gros moyens matériels, humains et financiers afin de « pacifier » les favelas de la Zona Sul (où se trouvent Ipanema et Copacabana) en expulsant les trafiquants de drogue par la force et en se réappropriant l’espace. Aujourd'hui 11 UPP sont implantées dans la ville, dans des favelas de petite et moyenne importance. La prochaine étape consiste à s’attaquer à des favelas de la Zona Norte proches du Stade du Maracanã, ce qui sera très difficile à réaliser.
Les UPP ont privé les trafiquants d’une manne financière importante, les obligeant à migrer vers d’autres régions (Zona Oeste de la ville, la Baixada Fluminense, voir d’autres états), ou à diversifier leur activité, ce qui se traduit par une explosion des vols spectaculaires ces dernières semaines. Le constat est sans appel, 19 chefs de bataillons de la police militaire ont été démis de leur fonction, 8 nouveaux directeurs sont nommés dans la police civile. Triste conclusion d’un constat d’échec. De nouvelles mesures vont être prises dont la mise en place d’une surveillance par hélicoptère quasi permanente pour éviter les vols par blocage routier. "Le niveau de sécurité risque de se dégrader avec l’invasion promise du Complexo do Alemão (la favela la plus dangereuse d’Amérique Latine, où la police admet la présence de 2000 fusils d’assaut) et la Rocinha (la plus grande favela du Brésil où les trafiquants sont également armés)", explique Carlos Marco Alves, Chef de projet Geos Brésil, qui met en garde les voyageurs d'affaires et leurs employeurs.