Ryanair, l’embuscade italienne

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Il y a quelques jours, dans la Tribune, Alexandre de Juniac assurait qu’il serait difficile pour Ryanair d’arriver sur les aéroports principaux des grands pays européens. Il faisait sans doute allusion au propos de Michael O’Leary qui se donnait 5 ans pour devenir une référence économique en matière de voyages d’affaires et de groupes. Et en dehors du fait qu'il est toujours difficiles aux nouveaux entrants d'obtenir des "slots" dans les aéroports, on voit mal ce que les compagnies régulières pourraient opposer à sa volonté de développement.

Pour reprendre les propos exacts d’Alexandre de Juniac, «La partie ne sera pas facile pour eux (NDLR Ryanair). En venant s'attaquer à nos clients, ils viendront sur notre terrain de jeu, sur nos savoir-faire. On saura se battre». Sans doute a-t-il en partie raison. Mais en partie seulement. Ce qui se passe aujourd’hui à Milan Malpensa est révélateur de la puissance des low cost. À partir du 13 mai prochain, Ryanair va ouvrir et assurer quasi quotidiennement, 62 lignes en Europe* au départ de l’aéroport italien. De quoi brouiller le marché et bousculer la lisibilité tarifaire des compagnies qui se posent sur la plateforme. Au-delà de cette démonstration de force, Ryanair prouve sa puissance et sa capacité à mettre en place une stratégie commerciale offensive.

L’exemple de Ryanair n’est pas le seul qui se profile. EasyJet démontre à sa façon que l’évolution de l’offre low cost passe aussi par le moyen-courrier et la compagnie va proposer Tel Aviv dans un premier temps voire l’Afrique proche dans un second. Un peu ce qu’Air France souhaite mettre en œuvre avec Transavia. Seul souci, quand la compagnie française aura fini son redéploiement, les autres comme Vueling, Air Berling, Air Europa (et la liste n’est pas close) seront loin devant. Il faut donc aller vite et décider... Ce qui semble être complexe dans les hautes sphères de la compagnie. Selon des sources internes, juin serait une date importante pour l’analyse des résultats et la mise à plat des pistes opérationnelles retenues et de la stratégie d’après 2015.

Mais ce qu’Air France doit faire, British ou Lufthansa devront aussi l’engager ou l'ont déjà entamé. La bataille de l’air est européenne voire mondiale car une fois gérée le low cost, il faut aussi s’adapter aux coups de boutoir des compagnies du Golfe. Et là, l’enjeu risque d’être bien plus important. Les compagnies traditionnelles du vieux continent ont déjà beaucoup évolué, mais elles sont littéralement prises en pinces.

Hélène Retout

Liste des destinations qu'ouvrira Ryanair en mai 2014 à Malpensa
Alghero, Alicante, Athens, Barcelone El Prat, Bari, Berlin Schonefeld, Billund, Bratislava, Brindisi, Bristol, Bruxelles-Charleroi, Brême, Budapest, Cagliari, Catania, Chania, Cork, Cracovie, Dublin, Dusseldorf Weeze , East Midlands, Eindhoven, Fez, Francfort Hahn, Fuerteventura, Grande Canarie, Gérone Barcelone, Göteborg City, Hambourg-Lubeck, Ibiza, Kefalonia, Knock Irlande Ouest, Kos, Lamezia, Lanzarote, Lappeenranta, Leeds Bradford, Londres Stansted, Lourdes, Madrid, Malaga, Malte, Manchester, Marrakech, Oslo Rygge, Palerme, Palma, Paris Beauvais, Pescara, Porto, Rhodes, Riga, Santander, Santiago, Saragosse, Stockholm Skavsta, Séville, Tallinn, Tampere, Tenerife Sud, Thessalonique, Trapani, Valence, Varsovie Modlin, Vilnius, Volos, Wroclaw