Ryanair vers le voyage d’affaires, toute !

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Les dernières annonces de Ryanair ont de quoi surprendre. Le méchant crapaud se fait prince charmant et veut démontrer, tous azimuts, qu’il peut s’adapter à la situation du moment. Il faut dire que les nuages s’amoncelaient sur sa tête. L’épée de Damoclès la plus dangereuse étant le remboursement possible des aides perçues par les aéroports. De quoi laisser à terre la compagnie. Mais Michael O’Leary sait qu’il faudra du temps pour, éventuellement, condamner Ryanair. D’ici là, la compagnie veut se refait une image et revient à la conquête du voyage d’affaires.

En janvier dernier, nous évoquions la stratégie de Ryanair pour le voyage d’affaires. Las, la compagnie a préféré le suspendre au bénéfice de son programme de vol traditionnel, construit sur deux piliers : des prix bas et des aéroports secondaires. Mais le temps a démontré que l’on ne peut pas être le bad boy de l’aérien et croître à l’infini. D’autant que les prix d’appels, souvent imbattables, cachaient mal des tarifs génériques proches de ceux d’easyJet et d’autres low cost. Dès cette époque, O’Leary savait qu’il fallait changer de stratégie. Cité par le Guardian, il reconnaissait même que "L'évolution du transport aérien devait être intégrée par Ryanair". C’est un peu chose faite aujourd’hui. En annonçant l’arrivée ou la modification de services, le patron emblématique amorce un virage marketing. Virage confirmé en évoquant la présence de Ryanair dans les grands aéroports européens, le choix et l’attribution de la place dans l’avion, le retour du second bagage cabine… Demain, c’est à dire début 2014, il travaillera à une offre « business travel » tout compris qui ressemblera fort à celle d’easyJet. A terme, Ryanair compte être présent au départ de plateformes principales (Roissy, Zavantem, …) vers des destinations fortes pour les voyageurs d’affaires. Mais la compagnie conservera son plan vers des sites secondaires, en adaptant ses horaires et la durée d’exploitation de la ligne.
O’Leary est malin et doué. Il sent le vent changer et sait se mettre face à lui pour redécoller. C’est sa force. Mais au delà, il a compris que l'ancien mépris des grandes compagnies à son égard était devenu de l’intérêt pour ses méthodes. Prendre le meilleur de Ryanair pour construire easyJet, Hop ! ou Germanwings est futé. Le patron tonitruant, s’il ne craint pas la critique (il s’en moque dit-il), craint l’intelligence de ses concurrents qui auront mis plus d’une décennie avant de réagir. Il a raison de s’inquiéter : les gros ont trop faim pour ne pas se battre sur tous les terrains. Il s'adapte, et se méfie. Un renard....

Hélène Retout