SNCF: à quand la reprise ?

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Les 4 organisations syndicales représentatives à la SNCF (CGT, SUD, UNSA, CFDT) ont négocié toute la nuit de lundi à mardi et un texte de conclusions a été présenté dans la foulée. Est-ce que cela annonce la fin de cette grève reconduite depuis le 1er juin ? Notre chroniqueur ferroviaire, tout Breton qu’il est, nous fait une réponse de Normand. Peut-être, peut-être pas.

Négociations ou pinaillage ?
 
Dès avant cette rencontre, on savait que CFDT et UNSA se retrouvaient dans l’avant-projet précédemment concerté avec le ministère de tutelle. Les éléments en “live” qui filtraient de la salle de négociation sur les réseaux sociaux témoignaient toutefois que la bataille était rude.
 
Que ce ne fut pas trop facile était sans doute une nécessité. Un moyen de donner un peu de grain à moudre et du crédit à la CGT. C’est dans la grande tradition des négociations à la SNCF.
 
Porte de sortie entrouverte
 
CGT qui, à la sortie, n’est pas mécontente puisqu’elle souligne dans sa communication à l’adresse des cheminots toujours en grève que :  « Les évolutions du texte définitif lors de cette séance de négociations amènent la future réglementation sur l’aménagement du temps de travail applicable aux cheminots de la SNCF au niveau du RH0077 (l’ancienne règlementation, NDLR) ». Toujours selon la CGT, « il appartient maintenant aux cheminots réunis en assemblée générale de décider des suites qu’ils entendent donner au mouvement ».
 
C’est une porte de sortie qui n’est certes pas grande ouverte mais qui, déjà, n’est plus verrouillée à double tour sans la clé sous la main.
 
SUD-Rail, toujours sur une posture radicale
 
Un accord qui, vu par SUD-Rail, dans lequel les revendications des grévistes n’ont pas été entendues, si l'on en croit sa prose. .  Ce qui promet sans nul doute de belles empoignades entre militants de la CGT et de SUD.  Avec la perspective que la CGT se retire du conflit, sa présence militante, sa logistique, son expérience, toutes choses particulièrement réelles à la SNCF, avec. Peut-être sans le dire trop fort, pour ménager la chèvre et le chou ?
 
Un taux de grévistes bas (8 % à l’échelle du Groupe Public Ferroviaire), des journées de grève accumulées qui pèsent, et une satisfaction somme toute de la CGT comme cité plus haut, sont les ingrédients qui peuvent permettre un mouvement de reprise. « Savoir terminer une grève », comme diraient d’autres.
 
Les expériences passées prouvent que SUD-Rail peut toujours s’époumoner. Sans le concours de la CGT, l’organisation radicale n’a jamais réussi à mener bien loin un mouvement social à la SNCF.
 
L’ouverture de l’Euro, de chiffon rouge à Graal
 
SUD-Rail pourrait juste encore entretenir quelques points chauds, mener quelques actions coups de poing, en fait gêner et perturber, plus que mobiliser. Avec toutefois une date symbole, véritable Graal, qui doit inciter à la prudence : l’ouverture de l’Euro de football en cette fin de semaine.
 
Avec des préavis de grève de derrière les fagots, toujours a priori légalement valides, qui peuvent être ressortis dès le 10 juin. SUD rameute les cheminots pour que ceux d’entre eux qui sont soumis à déclaration individuelle d’intention (D2i) avant de se mettre en grève fasse le nécessaire sans tarder pour le 10. Du moins, grévistes d’aujourd’hui ou pas, ceux qui ne l’auraient pas déjà fait avant à toutes fins utiles, comme le mot d’ordre circulait depuis plusieurs semaines déjà. Le paradoxe de ces 2Di, initialement prévues pour que la SNCF puisse organiser un service minimum ou garanti avec les ressources disponibles c’est que, déposées massivement, elles privent l’entreprise de toute visibilité.
 
Si reprise il y a, elle pourrait s’avérer un peu lente (24 ou 48 heures pour décanter avons-nous déjà écrit) et soumise à quelques soubresauts.
 
Des braises mal éteintes, sur lesquelles il faudra que personne ne souffle.
 
PAT