SNCF: assaut tarifaire annoncé sur le voyageur d’affaires

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Décidément, le transport ferroviaire est une science difficile à maîtriser. Entre les pertes structurelles, les déficits d’image et un équilibre social complexe, Guillaume Pepy se doit de trouver des solutions immédiates aux milliers de petits incendies qui se déclarent ci et là. Ajoutez la refonte du statut, les travaux du réseau et la grogne des usagers. Autant le dire, 2015 sera une année difficile.

Depuis 48 heures, un « plan secret pour redresser la SNCF » circule dans la presse. Détaillé par Économie Matin, il fait suite à ce que nous annoncions en décembre dernier : la vache à lait de la SNCF reste le voyageur d’affaires. Le document interne du 23 octobre 2014 qui est étalé dans les médias, rappelle que la première classe sera prioritairement visée dans le cadre des hausses de prix prévues. Le projet se base sur une idée stupide : «C’est l’entreprise qui paye donc le voyageur est moins regardant». Ineptie que commencent à démontrer les acheteurs de PME/PMI qui, sur de courtes distances, privilégient la seconde classe ou en reviennent aux véhicules personnels avec remboursement kilométriques. Voire même à l’avion sur des liaisons comme Paris/Londres !

Selon ce qui n’est qu’un projet, la généralisation des Espaces Pro devra être engagée avec, sur les longues distances, une restauration à la carte. La cerise qui fera digérer le gâteau. Et avec la refonte du calendrier voyageur, les billets pros pourraient coûter 14 % plus cher sur les TGV les plus demandés. Économie Matin évoque le surcoût global : «Une augmentation de 12 euros du tarif Pro 1ere occasionnel, et de 6 euros du tarif Pro fréquence sur plusieurs liaisons parmi lesquelles Paris-Lyon, Paris-Marseille, Paris-Strasbourg, Paris-Lille et Paris-Bordeaux». Autre piste, 12 € de plus pour tout le monde. C’est celle que nous avions évoquée fin 2013. Si cela était appliqué, le déclassement serait sans doute massif dans les entreprises. Déjà en 2012, 8% de la clientèle affaire s’était repliée en seconde.

Mais la clientèle loisirs n’est pas oubliée. Pour mémoire, les PME/PMI de petite taille utilisent beaucoup les offres tarifaires « loisir » de la SNCF, quitte à perdre le billet ou à bénéficier d’un remboursement plus faible. Mais c’est cette possibilité de remboursement que veut limiter la SNCF. Et là, les pistes sont nombreuses : remboursement impossible 7 jours avant le départ, ou frais de remboursement élevés (entre 17 et 30€). Voire même la perte pure et simple du billet le jour même. Enfin, la SNCF veut repenser ses espaces de vie. Le bar à bord des trains pourrait être supprimé sur des courts trajets.

Mais tout cela ne saurait se faire sans l’aval du gouvernement et du Ministère de tutelle. Et c’est sans doute à ce niveau que la bataille sera la plus longue à mener car, face à la crise, demander de fortes hausses tarifaires ne passe pas sans grincement de dents. D’autant que le Manuel Valls a été clair «Impensable de demander aux Français de financer davantage leurs services publics ».