SNCF: la réforme ferroviaire pourrait conduire à 10.000 suppressions d’emplois

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Si la réforme ferroviaire votée en août 2014 est sensée permettre à la SNCF de stabiliser sa dette, les élus du Comité Central d’Entreprise craignent que ce ne soit aux dépens du service et surtout de l’emploi. Et le rapport d’expertise estime qu’effectivement, la réforme pourrait conduire à 10.000 suppressions de postes d'ici 5 ans et des suppressions de lignes.

Il est de la compétence d’un Comité d’Entreprise et a fortiori d’un Comité Central d’Entreprise de faire faire des expertises pour évaluer telle ou telle réforme ou modification des conditions de travail. En l’occurrence, c’est au Cabinet Degest que les les élus CGT, qui gèrent le CCE de la SNCF, ont demandé de travailler sur le dossier de la réforme ferroviaire. Cette réforme, adoptée en août 2014, vise à éviter la dérive d’une dette qui augmente actuellement de 3 milliards par an.

Le groupe ferroviaire s’est engagé à réduire ses dépenses en commençant par la réduction des projets de TGV. Economie réalisée : 1,5 milliard d’euros à partir de 2016. Il prévoit ensuite de réduire d’autant ses coûts : 500 millions d’euros d’économies pour SNCF Mobilités, autant pour SNCF Réseau et 500 millions encore pour SNCF elle-même, la structure qui coiffe les deux autres. C’est là que les réductions de postes vont se faire sentir, par le non renouvellement des départs naturels en particulier. Pour Arnaud Eymery, du cabinet Degest, à SNCF Mobilités « le nombre de suppressions de postes va passer de 1 100 équivalents temps plein (ETP) par an à 1 400 ETP par an d’ici 2020 ».
Pour SNCF Réseau, il va falloir dans un premier temps (jusqu’en 2019) embaucher environ 600 emplois/an pour faire face aux travaux engagés. Mais selon le cabinet Degest, à partir de 2020, les effectifs devraient également fondre de 1200 ETP/an. De quoi apporter de l’eau au moulin de la CGT qui estime que la charge et les conditions de travail des cheminots devrait se dégrader. Le « taux de morbidité » - qui calcule le nombre de jours d’arrêts de travail et accidents du travail - est passé de 11,6 en 2007 à 13,5 en 2013.

Quant au service lui-même, le cabinet Degest estime que la réduction des coûts passera nécessairement par la fermeture des lignes non rentables. Les 30 000 km de voies actuelles pourraient passer à moins de 23 000 km à moyen terme, calcule t-il. De son côté Réseau Ferré de France avait estimé dès 2009 que la fermeture de 7 500 km de voies permettrait l’économie de 230 millions d’euros par an et la réduction de 3454 postes (départs naturels là encore, grâce à la pyramide des âges à la SNCF). Le cabinet Degest souligne que pour éviter de réduire les lignes, « il  faudrait que l’Etat reprenne la dette du groupe. Cela permettrait d’économiser 1,5 milliard d’euros d’intérêts payés chaque année par le système». C’est précisément parce que l’Etat ne voulait pas reprendre cette dette (40 milliards d’euros cumulés) que la réforme a été faite. Le CCE de la SNCF le savait déjà.