SNCF: tout est complexe à comprendre. Et maintenant ?

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Depuis quelques jours, à grands coups de communiqués et de déclarations, la SNCF et ses salariés s’opposent sur la réforme ferroviaire. Au-delà des exagérations de certains syndicats qui s’en sont faits une spécialité, les usagers sont dépassés. Ils ne comprennent pas toujours les raisons du mouvement qui ne s’opposent pas à une décision prise mais à un vote à venir.

La grève de ce 11 juin 2014 aura été moins suivie que celle de juin 2013. Avec un chiffre de grévistes annoncé à 27,84 %, ce sont trois cheminot sur quatre qui n’ont pas participé au mouvement ! C’est la région PACA qui a fourni le plus gros contingent de grévistes avec 47,51 %. Les salariés de Paris nord ayant été les plus faibles participants au mouvement, avec un taux de 24,19 %.

Dans un courrier adressé par la CFDT à Frédéric Cuvillier, le Ministre des Transports, que nous sommes procurés, le syndicat - réputé pour sa modération et son sens aigu de l’analyse des faits - prend acte « de l’intégration de sa proposition d’amendement sur la mobilité des personnels entre les différents établissements publics envisagés. Il s’agit là d’un acte fondateur de l’unité économique et social du futur groupe public ferroviaire permettant à chaque salarié d’exercer son métier au sein de ce GPF ». L’une des revendications forte des cheminots semble être écoutée. Et Didier Aubert, le secrétaire général de la CFDT Cheminots de conclure: «La question de la dette du système ferroviaire est un élément essentiel à résoudre. Le rapporteur de la Commission des finances propose dans son avis des pistes qui, à notre sens, méritent d’être approfondies. Elles posent les conditions du débat mais n’apportent pas de garantie quant à la résolution de l’équation financière». On se dit que désormais il suffit de mettre à plat les revendications pour tenter d’aplanir le conflit.

Si la majorité des syndicats se dit aujourd’hui prête à écouter les pouvoirs publics, dans les faits, et la grève du 11 juin l’a démontré, l’inquiétude chez les cheminots reste forte. Et comme l’avait annoncé notre chroniqueur ferroviaire Patrick Le Rolland, «La grève va durer encore ce 12 juin… ». Mais on sait déjà qu’elle ne devrait pas aller beaucoup plus loin. Ministère, syndicats et cheminots ne veulent pas s’installer dans une grève dure sur un sujet encore confus et évolutif sur le fond !

Quelques coups de téléphone en début de matinée ne répondent pas à la question essentielle : le mouvement va-t-il cesser ce 12 juin au soir. Beaucoup en sont persuadés, d’autres plus sceptiques s’attendent à quelque coup d’éclat pour montrer la détermination des syndicats. Mais au final, ces jours de grève auront-ils été utiles ? Pour la CGT, ils étaient essentiels au dialogue social pour bien montrer l’inquiétude grandissante des personnels. Même son de cloche à la CFDT où l’on reconnait que le dialogue est essentiel.

Il reste qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, rien n’est décidé. Rien n’est joué.
Et comme l’avouait un syndicaliste dur de Sud Rail, il faudrait tenir une quinzaine de jours ou plus pour démontrer le poids du rail dans l’économie française. Mais qui en doutait ?

Marcel Lévy