Sécurité : l’aérien peut encore mieux faire en Europe

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Pour Partrick Gandil, patron de l'autorité française de l'aviation civile, le secteur aérien européen ne doit pas prendre la sécurité pour acquise. Il doit rester extrêmement vigilant même si aucun accident mortel n’a été enregistré en 2013.

La sécurité est primordiale dans l’aérien, et doit rester une priorité. Alors que les statistiques des accidents 2013 seront bientôt connues, le patron de l'autorité française de l'aviation civile martèle «Ce n'est pas parce qu'on a eu zéro accident d'avions mortel en Europe en 2013 que l'on a atteint la sécurité absolue». Pour lui, les accidents sans perte humaine comme les atterrissages ratés avec sortie de pistes sont des incidents qu’il faut faire disparaître du ciel européen.
Si l’Europe peut une nouvelle fois se targuer de détenir le record de la sécurité aérienne en 2013, «il ne faut pas s'endormir sur nos lauriers car rien est pire que de considérer que celle-ci est acquise», assure Patrick Ky, directeur de l'AESA. Il est d’ailleurs particulièrement préoccupé par la situation dans les pays de l’Union européenne en difficulté. Le directeur de l’AESA a rapporté par exemple qu'il avait dû convaincre la Grèce de ne pas licencier 200 employés en charge des inspections d’avions. Il pointe du doigt également la Slovénie qui risque de manquer des ressources nécessaires pour effectuer les opérations de surveillance des transporteurs. «Le risque de perte de compétences techniques des autorités nationales est un vrai risque pour la sécurité à moyen terme. Car si les compagnies constatent que leurs autorités de tutelles ne les inspectent plus, on ne peut pas exclure qu'elles-mêmes finissent par faire un certain nombre d'impasses», explique t-il. Il propose ainsi que les pays européens puissent fournir des prestations d’inspections aux autres membres de l’UE sans qu’ils supportent la charge financière.
Les pilotes de lignes ont également leur analyse sur la sécurité aérienne européenne. Ils avancent que les contrôles SAFA (Safety assessment of foreign aircraft ou évaluation de la sécurité des avions étrangers) ne sont pas parfaits. «Ces contrôles ont bien sûr leur utilité, ils évitent qu'il y ait des +avions poubelles+ qui atterrissent en Europe mais cela reste insuffisant», explique à l’AFP Yves Deshayes, Président du SNPL France Alpa. Pour lui, ils sont «relativement sommaires et limités». Il ajoute «Il s'agit plus d'une inspection visuelle que d'un contrôle approfondi». Il relève également que le contrôle des équipages en vol n'est pas assez harmonisé entre les pays.