Sortir d’une grève, le mal français

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Enfin, ils se parlent. Eux, ce sont les grévistes de la sûreté et leurs patrons. On a beau dire mais sortir d’une grève est souvent une mission difficile pour les deux parties. Chacune se dit qu’accepter peu ou pas d’avancées, c’est faiblir et perdre la face. Notre côté latin refait surface et tel des matadors d’occasion, on montre les dents plutôt que d’être conciliant. A lire les commentaires, on comprend bien le niveau de colère et d’exagération que chacune des deux parties porte.

Certes les syndicats se disent prêts à faire évoluer leur position et à ne pas aller jusqu’aux fameux 200 euros d’augmentation. Mais de là à ne rien avoir... Personne ne lâchera le morceau sans un minimum à ronger. Côté patronat, on fait et refait les comptes. Une augmentation, pourquoi pas. Mais de principe. A peine ! Pas de quoi justifier une semaine de grève. Bref ce que l’on appelle l’impasse. Ajoutez à cela des politiques qui veulent faire preuve d’autoritarisme, ou de sujet de campagne électorale, et vous aurez la recette parfaite d’un conflit stupide dont on comprend bien les tenants et les aboutissants. Mais ne crions pas victoire sans avoir vu la peau de l’ours à la télévision ou dans les communiqués que les deux parties ne manqueront pas de faire. Il reste que le seul gagnant, ce sera le voyageur d’affaires. Certes, ils sont peu nombreux en cette période, ceux qui se jettent sur les routes du business. Tant mieux. Mais attendons, le conflit n’est pas fini car se profile déjà la grève des PNC qui veulent s’opposer à la création d’un texte de loi sur le service minimum. A croire que seule la «tatchérisation extrême» d’un conflit peut le faire avancer. Ne rien lâcher pour faire plier et redevenir réalise face à la crise. On finit par le souhaiter. Mais ce n'est certainement pas la meilleure piste.

Marcel Lévy