Spinetta aux acheteurs voyage: « Faites vous entendre, vous nous aiderez ! »

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Premier invité du Lounge de DeplacementsPros, c'est un Jean-Cyril Spinetta chaleureux et disponible qui a partagé avec les Travel Managers et acheteurs son expérience et sa vision sur les évolutions du transport aérien. Un moment pour prendre de la hauteur sur les préoccupations quotidiennes du voyage d'affaires.

Comment résoudre la quadrature du cercle, c'est un peu le souci que partagent aujourd'hui tous les patrons de compagnies aériennes, coincés par une crise qui leur interdit de faire monter le prix des billets tout en enregistrant une hausse faramineuse des coûts d'exploitation, en particulier du pétrole. Les chiffres annoncés par Jean-Cyril Spinetta parlent d'eux-mêmes : la facture pétrolière d'Air France était d'environ de 2 milliards d'euros en 2000-2001, elle atteint 7 à 8 milliards aujourd'hui ! Une hausse difficile à résorber autrement que par une amélioration de la productivité, d'autant que la concurrence féroce des low-costs et du train mettent la pression sur tout le réseau court et moyen courrier d'Air France, qui a perdu 700 millions d'euros sur un an. "Ce n'est pas soutenable", a reconnu le Président directeur général d'Air France-KLM.

Ainsi réduire les coûts, la préoccupation quotidienne des 40 Travel managers et acheteurs, était partagée par leur interlocuteur ce jeudi soir aux Citadines Saint-Germain-des-Prés. Coût du siège/kilomètre, développement durable et CO2, couverture de l'Hexagone, tous les sujets ont été évoqués en une heure, y compris la problématique du ciel européen qui, par sa fragmentation, coûte cher aujourd'hui aux compagnies. Des coûts bien entendu répercutés sur les passagers. Une question, posée par plusieurs participants présents, a suscité une longue explication du Président Directeur Général d’Air France KLM, celle relative à la présence d’Air France en région. Si Jean-Cyril Spinetta a pris le temps d’expliquer le rôle des bases de province, il n’a pas caché que sur certaines destinations, comme Clermont Ferrand ou Limoges, la mise en place de vols directs vers Tokyo ou New York relevait « du romantisme ». Pour autant, il souhaite que l’on puisse trouver de vraies solutions, réalistes, permettant l’accessibilité aux différents hubs d’Air France, avec des offres claires et lisibles. A la question d’une compagnie domestique unique qui regrouperait des entreprises comme Britair ou Regional, Jean-Cyril Spinetta est prudent : «Une réflexion est en cours mais les flottes de ces compagnies sont hétérogènes et posent des problèmes de qualification et de mobilité des pilotes. La solution serait peut être de créer une holding pour les fédérer mais nous n'avons pas encore tranché, nous réfléchissons. C'est un sujet complexe, délicat et sensible qui demande, au-delà de la simple réflexion, une stratégie comprise et adoptée par les clients».

Le Président Spinetta a également détaillé toute sa confiance dans les infrastructures logistiques européennes, suggérant aux associations présentes dans la salle (AFTM, Marco-Polo, GBTA France) de se faire entendre du mieux possible à Bruxelles et en France pour appeler l'Europe à maintenir ces outils de qualité qui jouent un rôle essentiel pour la mobilité, et donc l'économie et les entreprises.