Travailler, toujours travailler.

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Devenue la grande vedette du voyage d’affaires, le "One Day Trip" génère lui aussi ses habitudes. Se lever tôt le matin demande un effort certain et conduit souvent le voyageur à dormir dans l’avion qui l’emmène à sa destination. Idem, après une journée de travail, se reposer dans le vol du retour est souvent considéré […]

Devenue la grande vedette du voyage d'affaires, le "One Day Trip" génère lui aussi ses habitudes. Se lever tôt le matin demande un effort certain et conduit souvent le voyageur à dormir dans l'avion qui l'emmène à sa destination. Idem, après une journée de travail, se reposer dans le vol du retour est souvent considéré comme essentiel par les voyageurs. Pour autant, on constate depuis quelque temps le grand retour du travail à bord des avions ou des trains. La puissance des batteries des ordinateurs portables, la présence de prises électriques, le temps perdu dans les aéroports et le besoin de terminer un travail urgent sont autant de raisons qui conduisent le voyageur à allumer son ordinateur portable.
Évoqué dans d'une étude européenne qui sera présentée officiellement le 20 octobre prochain, le voyage d'affaires n'est pas sans conséquences sur la santé. Selon les auteurs du rapport, tous les médecins le disent et sont confortés par un peu plus de 1500 interviews dans 10 pays européens: «Si l'on sait que voyager peut fatiguer, on ignore que le voyage peut aussi avoir des effets très négatifs sur la santé ». Bien évidemment, la qualité du sommeil est mise en avant dans cette étude. Peu ou mal dormir conduit évidemment à une fatigue nerveuse qui peut se ressentir sur la qualité du travail fourni. Un sommeil bousculé conduit à des troubles plus profonds que seuls des traitements solides peuvent soigner. Décaler ses horaires de repas, ou modifier profondément ses habitudes alimentaires conduit tout naturellement à des problèmes d'estomac et à la prise régulière de médicaments souvent inadaptés car choisis sans conseils médicaux.
Ce qui inquiète le plus les auteurs de l’étude, c'est l'absence de rupture entre les périodes de repos et celles consacrées au travail. La frontière entre les deux mondes est de moins en moins étanche et l'on constate au fil du temps que travailler en permanence est une chose tout à fait normale pour un voyageur d’affaires. Bien sûr, la première explication que l'on pourrait donner est que le voyageur d'affaires, souvent seul le soir dans sa chambre, consacre du temps au traitement de ses dossiers. On pourrait également imaginer que sa vie professionnelle ne s'arrête pas pendant la période du voyage et qu'il lui faut suivre, de loin, l'activité quotidienne de son service ou de son entreprise. « En fait » déclarent les auteurs de l'étude « l'hyper technologie qui accompagne aujourd'hui le voyage rend le voyageur dépendant ». Et de constater plus de divorces, de diabète ou de soucis cardiaques chez ceux qui partent au moins quatre ou cinq fois dans le mois.
Quoi faire ? Le rapport esquisse bien quelques pistes de traitement et de soutien psychologique. A terme, une brochure « conseil » est même envisagée pour prodiguer des mises en garde et ifaire des propositions en matière d'hygiène de vie pendant les déplacement professionnels. Preuve, s'il le fallait, que constater un problème ne suffit pas à le régler.

Marc Dandreau