Travel Managers : ni fleurs ni couronnes !

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Autant le dire tout de suite, je ne suis absolument pas responsable de ce titre un peu sombre. Cette épitaphe, nous la devons aux professionnels américains de l'éducation qui publient tous les ans un état des lieux des métiers qui montent et de ceux appelés à disparaître. Pragmatiques comme toujours, les Américains veulent mettre en avant les professions qui demain gagneront de l'argent.
Quitte à enterrer un peu vite l’existant.

Dans le domaine du voyage, il y a bien longtemps que ces spécialistes du savoir ont enterré les agents de comptoir ou les billettistes. Ils sont pour eux inutiles, point. Ils préfèrent aujourd'hui évoquer les étoiles montantes du tourisme comme les Eco-guides (spécialisés dans le green travel) ou les "architectes du voyage" pour la conception et la création de produits sur mesure. Dans l'univers des déplacements professionnels, nous assistons à l'arrivée en force des « fleet managers » ou des « optimiseurs » dont la mission est de travailler à une meilleure programmation des voyages, de l’achat à l’organisation générale. Incontestablement, ce sont les Mobility Managers qui sont les grands vainqueurs de l’édition 2009. Selon les experts, ils devraient très rapidement remplacer les Travel managers dont la mission est jugée un peu floue et mal adaptée aux grandes évolutions du domaine. Il est vrai qu'aux États-Unis, on aime tout particulièrement faire évoluer les professions. D'autant plus, dans ce cas, que le Mobility Manager, rattaché directement à un acheteur aurait, selon les analystes, des missions largement plus importantes que celles du Travel Manager. La notion de "mobility" est présentée comme un mixte du travail des DRH, des acheteurs ou des services généraux. À leur décharge, nos spécialistes ont étudié le domaine du voyage d'affaires dans sa globalité. Avec l'arrivée de nouveaux outils de gestion informatique des déplacements, la numérisation des dépenses, la dématérialisation des dossiers où le suivi des voyageurs, il était naturel de relier les fonctions entre elles pour leur donner des frontières plus nettes et mieux adaptées à la réalité des entreprises. Aussi, il serait naïf de croire en la disparition du Travel Manager sous le simple prétexte que son métier doit évoluer. Qu’importe le nom et le contour de son travail si, au final, il répond aux attentes des entreprises : optimiser et gérer le suivi des voyages d’affaires. La tendance à le rattacher exclusivement aux achats et à lui associer un contrôleur de coût, voire un négociateur, est forte dans les entreprises anglo-saxonnes. Mais cela va-t-il justifier de son changement de nom ? Un peu ridicule, non ?

Marcel Levy