Travel management, l’emploi toujours en demi-teinte en 2016

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Avec un peu plus de 350 offres et demandes d’emploi publiées en deux ans, DéplacementsPros est devenu le site de référence pour celles et ceux qui recherchent un travail dans le monde du business travel. Mais au global, le constat est décevant: le métier de Travel Manager, quel que soit le nom que l’on veut lui donner, n’est pas le plus demandé dans l’univers du voyage.

Nous le disons souvent et les données le confirment: le monde des achats - et les formations spécialisées qui y sont associées - prennent le dessus sur les fonctions dédiées du travel management. Autre remarque, les pôles « services généraux » reviennent à la une de l’actualité en matière de déplacements. Ils étaient puissants dans le monde de la gestion de flotte, voilà qu’ils s’enrichissent de nouvelles missions dans celui des déplacements professionnels. A l’évidence, la spécificité « travel » n’est pas un besoin fort dans les PME/PMI ou tout du moins elle n'est pas vécue comme telle dans l'organigramme. Seules les entreprises du CAC 40 (et encore pas toutes) s’attachent les services d’un acheteur spécialisé voyages dont le pouvoir de décision est en forte baisse face au process d’achats mis en place.
 
Malgré cette situation contrastée, et une demande toujours présente, le métier de TM, souvent occupé par de vieux routiers du sujet, va connaître un profond renouvellement ces prochaines années. A l’ESCAET, l’anniversaire de l’école a été l'occasion de souligner la place que devra prendre la nouvelle génération d’étudiants formée au corporate travel. Un rôle élargi, moins contraint par la finalité du travail mais avec une vision panoramique de la mobilité. Cette vision est juste mais a du mal à s’imposer. Et dans un premier temps, la mission est basique, trouver des stages aux étudiants. L’AFTM n’a pas manquer de solliciter ses membres en ce mois de janvier pour les inciter à aider les futurs pros à prendre pied dans le métier. C’est la transmission indispensable des savoirs.

Dans ce contexte difficile, on assiste à quelques demandes dans les entreprises. Safran a publié via l’Apec une offre de Responsable Achats Pôle Voyage H/F. Idem pour une grosse société aéronautique qui a fait appel à un cabinet spécialisé pour trouver son acheteur « voyages et déplacements ». Mais cette hirondelle est loin de faire le printemps. Les offres d’emploi sont plus nombreuses dans l’univers des fournisseurs que dans celui des entreprises. Faut-il alors changer son fusil d’épaule ? C’est tout l’enjeu des prochaines années.

Malgré ce panorama en demi-teinte, qui pourrait laisser croire à la lente disparition du métier, on assiste à une forte montée en puissance du BTO (business travel outsourcing) et du consulting indépendant dont la force est d’être économiquement attractif pour les PME/PMI. Finies les embauches, missionner un sachant est plus simple. A lui de définir les process, à l’entreprise de les appliquer. Le volume de mission a doublé ces deux dernières années… Mais prudence, il partait de très bas. Pas de révolution annoncée, une simple évolution des habitudes.

Enfin, le danger de la digitalisation guette les fonctions basées sur des technologies évolutives. Le on line, associé aujourd’hui à des outils de paiements et de reporting, prend une importance qui minimise le besoin permanent de contrôle et de suivi. Nous n'en sommes qu’au début de cette 3ème grande révolution du voyage d’affaires. De là à penser que le métier va demander d’importantes compétences technologiques, il n’y a qu’un pas.

Pierre Barre