Travel management : mais qui doit-on croire ?

64

Les indicateurs sont essentiels aux acheteurs voyages, quelle que soit leur fonction et leur budget. Ils permettent de mieux envisager les dépenses et de mieux anticiper le volume des déplacements. Pendant des années, l'EVP organisé par American Express servait de thermomètre pour l'année écoulée et donnait les premières visions de celle à venir. Rien de très scientifique mais des datas suffisamment précises pour rester dans les clous.

Depuis trois ans, pas moins d'une vingtaine d'études viennent délivrer leurs visions de l'année à venir. Il y a celle des TMC (Egencia, Advito pour BCD, CWT...), celles des fournisseurs (AirPlus, Concur...), des associations (Gbta ou Acte) ou celles des analystes européens et asiatiques (comme PhoCusWright), les plus nombreuses. Enfin, en queue de peloton, on trouve les exotiques uniquement réalisées pour faire citer la marque comme Skyscanner ou Regus. Il reste que l'on ne peut qualifier les TMC de "plaisantins" en matière d'analyse des dépenses. Leurs visions sont proches et souvent assez justes. Les moyennes annuelles varient à la hausse de 1,4 à 2,8 % avec des pointes à 8 et 9 % pour des marchés émergents comme la Chine ou l'Inde.

En règle générale, ces analyses sont faites par des spécialistes du domaine qui moulinent toute l'année des données pour établir des projections. Pour nous, ce sont les plus sérieuses et les mieux adaptées aux attentes des acheteurs. L'arrivée d'associations, plus spécifiquement de la GBTA, rend fragile la frontière entre la pub et la réalité. Depuis deux ans, les chiffres données par la GBTA sont fantaisistes et peu crédibles. L'association américaine, pourtant très active et efficace dans pas mal de domaines, confond souvent vitesse et précipitation. Coups de pub sans doute. La vision marchande de la structure pénalise la justesse des données fournies.

Il reste aussi les problématiques posées par les cabinets d'étude dont la finalité est de vendre leur travail. PhoCusWright, pourtant plus que sérieux, succombe parfois à cette piste de "l'étonnant" avec une vision des marchés qui ne colle plus à la réalité des chiffres. Est ce une approche marketing ? Non, mais une approche plus panoramique des datas récoltées dans les différents pays. Alors qui croire ? Pascal Jungfer, en clôturant la journée internationale du voyage à IFTM/Top Resa, a bien résumé la situation : "Nous avons besoin d'indicateurs que nous savons ne pas être forcément précis. La tendance est donc dans ce mixte entre le ressenti de l'acheteur et la vision économique de sa propre structure".
S'inspirer sans se fier. Une nouvelle règle de gestion économique?

Marcel Lévy