Il n'a pas sa langue dans sa poche et ne cache pas ses ambitions. Tristan Dessain-Gelinet veut dresser les contours de la TMC du 21ème siècle. Avec un volume d'affaires qui dépassera les 120 millions en 2017, et des embauches massives pour faire face au développement de Travel Planet, il sait déjà que l'enjeu sera de taille : aller chercher des comptes au-delà du million d'euros de budgets voyages.
A TMC du 21ème siècle, outil du 21ème siècle, "Avec le numérique, nous développons des services qui vont directement répondre aux demandes d'un client", explique Tristan dont le portail unique avait séduit le jury des Lauriers du voyage d'affaires, recueillant ainsi le Grand Prix Thalys en septembre dernier. "Nos services, nous ne les concevons pas comme le font nos concurrents. Nous les recréons avec des fonctionnalités nouvelles, des associations d'idées que personne n'avait engagé. Bref, nous concrétisons ce que nous demandent les acheteurs. Nous avons la volonté de dire qu'à une époque où l'information est reine, nous devons fournir en temps réel toutes les informations sur un déplacement professionnel". Avec 80 salariés aujourd'hui, 120 demain, Travel Planet veut s'insérer très vite dans le cercle des grands. Rencontre avec un homme pressé qui sait que le temps, c'est de l'argent.
DéplacementsPros : Selon vous, les TMC traditionnelles sont appelés à disparaître. Pourquoi ?
Tout cela c'est une matrice plus dynamique que celle proposée aujourd'hui. Travel Planet veut répondre à cette palette. Des frais à zéro quand c'est la machine qui va gérer la demande et une relation de partenariat pour être présent quand le besoin s'en fait sentir. Dit ainsi, cela semble simple mais au quotidien, c'est un vrai travail qu'il faut engager pour atteindre l'objectif.
DéplacementsPros : Pensez-vous que les clients souhaitent réellement cette évolution de leur TMC ?
Aujourd'hui nous avons un taux d'adoption en ligne de 85% avec environ 2.500 voyages gérés par jour. La technologie est le second poste de dépenses de l'entreprise après les salaires car nous pensons qu'il faut réserver l'humain aux taches plus complexes, aux services attendus par les clients. C'est une philosophie nouvelle dans le monde du voyage d'affaires. Mais elle impose aussi des règles. Nous avons éliminé tous les budgets inférieurs à 1 million d'euros pour permettre à cette relation de confiance de reposer sur un juste équilibre financier.
Nous le constatons tous les jours : la structure est exactement la même pour gérer 1 million ou 60 millions de budgets voyages. Chez nous, le mariage avec la techno nous conduit à avoir 20 personnes là où les autres ont en 60.
DéplacementsPros : La technologie est-elle la seule solution au développement des TMC ?
C'est le rôle d'une agence que de le faire pour son client. Et pour le mettre en œuvre, nous imaginons les solutions technologiques, nous concevons des applications innovantes et nous avons de nouvelles grilles de lecture à proposer aux clients. Nous travaillons beaucoup sur les profils "voyageurs" et regardons comment intégrer leurs dépenses dans les outils d'analyse. A ce jour, nous sommes les seuls à offrir cette vision du business travel. Je le dis, l'humain c'est l'intelligence pure. C'est elle qui conduit à la réflexion et donc à la solution.
DéplacementsPros : En résumé, vous voulez une TMC à la carte ?
Nos confrères pensent que le marqueur est dans le tarif. Je ne le crois pas. Au-delà du prix, il y a la capacité du fournisseur à anticiper la demande ou à la gérer quasi instantanément avec tous les paramètres financiers attendus. Nous avons lancé notre propre carte logée avec notre banque pour diminuer les frais bancaires et optimiser les circuits de dématérialisation. Ce sont autant de petits détails qui rendent performante notre offre, qui la sécurise pour un acheteur et lui donne la confiance que j'évoquais.
DéplacementsPros : A la carte veut dire une autre gestion du client ?
Autre population, celle des assistantes et chargé(e)s de voyage qui veulent être efficaces et aller au plus rapide car le voyage n'est qu'une petite partie de leurs fonctions. Et, troisième segment, loin d'être le moins important : le voyageur. Il veut une interface rapide et facile qui réponde à sa demande d'aller d'un point à un autre voire d'organiser un déplacement complexe.
Ces trois familles ont au final le même besoin mais pas forcément la même approche. L'un voudra de la mobilité, l'autre du reporting, le troisième de la réassurance sur le bon déroulement du voyage. Bref, nous allons répondre à la fois par la technologie et par l'humain. C'est notre force que de développer des outils qui ne sont pas sur le marché mais qui répondent aux demandes de nos trois populations.
DéplacementsPros : Et le voyageur ?
Dans l'innovation numérique déjà évoquée. Il faut concevoir la relation voyageur avec un regard neuf. Simplifier ne suffit pas, il faut aussi l'assister que ce soit en matière de sécurité ou d'attentes immédiates. Nous offrons un service 24/24 – 7 jours sur 7 pour cette raison.
Au-delà de la techno, il y a les hommes qui vont gérer une difficulté, modifier un parcours et s'adapter ainsi aux besoins du voyageur… Dans le respect des attentes de l'acheteur.
C'est une vision à 360° du voyageur d'affaires qui ne doit pas être gérée par le prix mais par le service réellement rendu. Nous faisons en sorte que toutes nos propositions intègrent des solutions pour le voyageur. Je vous donne un exemple: tous les billets que nous émettons sont flexibles, mais vendus 20% moins cher que le tarif flex affiché. C'est nous qui prenons le risque pour le client. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le choix est bon car il simplifie le quotidien du voyageur qui n'a pas à se soucier de gérer des frais supplémentaires et de son acheteur qui sait que le salarié sur le terrain trouvera une solution à un changement d'horaires..
DéplacementsPros : Quelle est votre relation aux GDS ?
Voilà, pour nous, une nouvelle vision de la relation client qui repose sur la TMC et non les outils mis à sa disposition par les fournisseurs. C'est la preuve même que l'on peut acheter et disposer d'un service à bon prix et en toute transparence. Nous sommes aujourd'hui persuadés que la responsabilisation n'est plus seulement chez le voyageur ou l'acheteur, elle aussi dans la TMC qui doit imaginer des offres qui prennent en compte l'évolution du marché et les attentes générationnelles au sein des entreprises.
DéplacementsPros : Le marché français n'est-il pas trop petit pour vous ?
Nous portons un regard sur l'Asie dont on connaît tous les potentiels et qui, contrairement à ce que l'on croit, n'est pas aussi avancée en matière de technologie d'acquisition des voyages. Nous devrions en dire plus dans quelques mois.
Entretien réalisé par Marcel Lévy.