USA : la SNCF rattrapée par son rôle dans la Shoah

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La filiale d’outre-atlantique de la SNCF, Keolis America, a répondu à un appel d’offres dans le Maryland. Mais ses ambitions américaines sont mises à mal par le projet de loi de deux élus de cet état. S’il est voté, le texte restreindrait l’accès de la SNCF aux marchés publics tant que l’entreprise française n’a pas versé d’indemnités pour son rôle dans la déportation des Juifs.

Les deux élus du sénat du Maryland demandent que la SNCF ne puisse participer à l’appel d’offres concernant la création d’une ligne ferroviaire de 25 kilomètres dans l’Etat qu’après avoir indemnisé les victimes de la Shoah et leurs familles. Dans le communiqué présentant le projet de loi, Joan Carter Conway, l'une des auteurs de la proposition explique «Le refus persistant de la SNCF d'assumer sa responsabilité pour son rôle dans l'Holocauste reste une insulte pour ses victimes». Les politiciens s’appuient sur une pétition en ligne, lancée par Léo Bretholtz ancien déporté, qui a recueilli plus de 50 000 signatures. Interrogé sur ce projet de loi, le président de SNCF America Alain Leray a confié à l’AFP que l’entreprise ferait une «lecture critique» du texte afin de vérifier s’il représente une «éventuelle discrimination» envers l’entreprise par rapport aux autres sociétés candidates à cet appel d'offres.
Ce n’est pas la première fois que la SNCF est attaquée aux USA pour son passé trouble pendant la seconde guerre mondiale. En août dernier, des élus du Congrès américain avaient déposé un projet de loi afin d’autoriser des poursuites contre l’entreprise. Le patron de la compagnie ferroviaire Guillaume Pepy avait aussi présenté ses excuses en Floride en 2010 lorsque l’État envisageait de relier Orlando et Tampa par une voie ferroviaire. En 2011, la SNCF a reconnu publiquement être «rouage de la machine nazie d'extermination», mais le groupe n’a jamais voulu mettre en place une indemnisation systématique des victimes et de leurs familles.