Un optimisme un peu trop optimiste

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Voilà déjà quelques semaines que les études se suivent et se ressemblent : l'économie du voyage d'affaires repart à la hausse et l'optimisme règne dans les entreprises. Que ce soit American Express, Egencia ou BCD Travel, les analyses sont convergentes : 2011 devraient marquer le redémarrage de l'activité et le retour des investissements dans les déplacements professionnels. Dernière étude en date à clamer que la reprise est bien engagée, celle de la NBTA publiée il y a quelques jours aux États-Unis. Un chiffre résume à lui seul son contenu : 72 % des gestionnaires de voyages interrogés estiment que la situation est meilleure aujourd'hui qu'il y a un an. Et pour les gourmands de données chiffrées, sachez que 63 % des acheteurs américains de voyages sont persuadés que les affaires continueront à s'améliorer au cours des 12 prochains mois.

Il y a certainement du vrai dans toutes ces affirmations, et le constat dressé par les compagnies aériennes, les groupes hôteliers ou les loueurs de voitures confirment que la reprise est là. Les premières analyses réalisées en avril confortent la hausse mensuelle moyenne du budget mondial des déplacements professionnels de 1,1 %. A force de lire autant de situations positives, on se demande si la crise qui a fortement touché le secteur n'est pas un peu rapidement oubliée aujourd'hui. Il y a un an, les entreprises étaient formelles : cette crise leur avait appris à faire des économies et il était hors de question de revenir aux situations que l'on connaissait avant. Aujourd'hui, selon les compagnies aériennes, la reprise des vols en classe business fait oublier les promesses d'hier.
Cependant il est encore un peu trop tôt pour dire que la crise est finie. Oui, les entreprises sont bien décidées à reprendre leur place sur le terrain et à investir les sommes nécessaires pour renouer les contacts commerciaux indispensables à leur activité. Oui, pour beaucoup, les contraintes imposées aux personnels vont demeurer au moins pendant quelques mois voire pendant quelques années. Mais c'est sans doute cet optimisme, un peu démesuré, qui fait qu'aujourd'hui la machine s'emballe sans que l'on possède de réelle visibilité sur l'avenir. Un peu comme pour les banques, quasiment ruinées hier, et aujourd'hui roses et prospères comme si de rien n'était. Aussi, et sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, je voudrais juste rappeler un chiffre, donné la semaine dernière par le comité d'experts économiques aux États-Unis : 54 %. C'est le niveau de risque de voir l'économie américaine replonger dans le noir ses 12 prochains mois. Certes, ce chiffre diminue très régulièrement... mais il reste encore élevé. Pour vous donner une comparaison, il était de 28 % en janvier 2008.

Hélène Retout