Un seul mot d’ordre pour tous : haro sur la SNCF

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Depuis l'annonce des nouveaux horaires de décembre, il ne se passe pas une journée sans que nous ne recevions de mails, de communiqués de presse, syndicaux ou associatifs, et de commentaires sur le sujet. "Merci la SNCF je ne pourrais plus être à l'heure à mon travail" nous explique une lectrice. "Tout cela ne servira à rien et sera une source de conflit" détaille un syndicaliste persuadé d'une alliance SNCF/RFF contre les cheminots. "La valse des retards va reprendre" s'inquiète un Président d'association d'usagers. Autant le dire, du bon, du mauvais, du dubitatif, de l'inquiet.

Je ne l'ai pas caché, je pense que ces efforts de remise à plat du réseau, accompagnés d'une gestion drastique des lignes peu rentables voire inutiles à l'époque du car, sont nécessaires. A l'image des travaux que l'on fait chez soi, ils entrainent des perturbations dans nos habitudes et suscitent de l'inquiétude. Il reste que le poids de la communication sera, dans cette affaire, essentiel. Parler, expliquer, commenter sont des éléments nécessaires dans cette aventure où chaque maillon compte. C'est là le point faible de la SNCF, capable de créer une radio sans intérêt mais incapable de parler simplement à Monsieur tout le monde. A l'époque du numérique, c'est bien dommage. Vous avez parlé de "change management" ?
A l'image d'Air France, il y a des années, ou l'on avait l'impression, nous pauvres mortels de parler à des dieux, la SNCF a ce recul distant et parfois condescendant d'une vielle dame qui demande le respect tout en ne se privant pas de vous bousculer ou de vous marcher sur les pieds. A notre niveau, la relation que nous avons avec le service de presse de la SNCF est aussi riche qu'une plantation de tulipes dans le Sahara. Vous n'en connaissez pas ? Rassurez vous nous non plus. A la SNCF, cette (peut-être) sympathique équipe parle aux grands et néglige les petits. Et tout est à l'identique. Dommage car au final nous entretenons d'excellentes relations avec des personnels de la SNCF qui prennent le temps de mettre à jour nos connaissances et de devenir les relais d'information dont nous avons besoin sans pour autant dévoiler de secrets ou de grandes stratégies à venir.
C'est toute l'ambigüité de cette entreprise. Frileuse à l'échelle nationale, conviviale aux niveaux des hommes et des femmes qui la composent. Un Guillaume Pepy grand communiquant mais parfois aphone, Hubert du Mesnil, patron de RFF qui réussit un spot publicitaire magnifique dont on ne sait toujours pas s'il vante les qualités d'un jeu vidéo ou le retour du Mecano pour le prochain Noël, devraient pourvoir redescendre au niveau du client. Celui qui fait Avignon Marseille tous les jours et qui, pas plus bête qu'un autre, ne demande qu'à savoir. Pourquoi diable, ces hommes brillants ne sont-ils pas capables d'engager une communication sérieuse alors qu'ils peuvent repenser un réseau ferroviaire et imaginer les transports de demain ? Voilà donc engagé l'avenir. 160 000 personnes y travaillent. Et si une ou deux descendait sur les quais pour parler ? Franchement ça ne devrait pas retarder le travail.

Marcel Lévy