Une bataille de ministres pour le voyage d’affaires

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Alors que les associations professionnelles du loisir se demandaient il y a quelques jours qui représenterait le tourisme dans le gouvernement Valls, la réponse est tombée : le Ministre des affaires étrangères, qui récupère au passage le commerce extérieur. Pour le voyage d’affaires, c’est une bonne chose. Seule inconnue, le temps que consacrera le Ministre, déjà très occupé, à deux domaines essentiels de notre activité économique.

Il est difficile de prévoir ce que sera ce nouvel attelage ministériel. D’un côté la politique étrangère, prenante et préoccupante, de l’autre une vision du commerce et du tourisme qui englobe à la fois l’incoming et l’ensemble de la représentation commerciale de la France dans le monde. Entre les deux, des montagnes de dossiers qu’il faudra faire avancer. Pas certain qu’un ou deux secrétaires d’état de plus suffiront. L’arrivée annoncée de Fleur Pellerin au Tourisme va combler un vide, mais après ?

D’autant que le jeu de l’interministériel, indispensable pour faire avancer les dossiers du tourisme (qui intéresse aussi l'économie, comme on l'a vu, mais aussi les transports, pour des raisons évidentes) est loin d’être gagné par Laurent Fabius qui se targue de discuter directement avec le Président des sujets brûlants du moment. Je le vois mal venir lui prendre une ou deux heures pour mettre en place une ligne « grands voyageurs » chez ADP, travailler à l’évolution de la tarification ferroviaire ou évoquer la distorsion de la TVA dans le MICE. Ce type de dossiers devra suivre une voie plus classique, autant dire qu’ils seront enterrés.

Pour beaucoup d’analystes politiques, les dossiers secondaires risquent de souffrir de cette situation, que ce soit à Paris comme à Bruxelles. Même pour peser, la réunion de quelques associations professionnelles du Travel Management en Europe ne permettra sans doute pas de faire bouger les lignes. Le voyage d’affaires n’a pas d’aura chez nos hommes politiques qui le vivent pourtant tous les jours : aéroports, trains, déplacements à l’étranger… Seule différence, les coupes-fils font oublier qu’il y a des règles que vous et moi avons à respecter.

La situation semble figée même si Laurent Fabius, qui s’est démené pour récupérer le tourisme et surtout le commerce extérieur, affirme qu’ils seront bien traités. Nous le saurons d’ici quelques semaines quand le Syndicat National des Agents de Voyage aura nommé son nouveau Président. La nature même des dossiers et l’interlocuteur nommé par le Ministre donneront le ton des négociations.

Pierre Barre