Vers une grève des voyageurs d’affaires ?

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Ne souriez pas, la question est très sérieuse. La baisse qualitative des déplacements professionnels n’inspirent pas les vieux routiers à se jeter sur les voyages. Les plus jeunes, au contraire, ravis de sortir des quatre murs de l’entreprise sont enthousiastes à l’idée de partir. Au-delà du choc des générations déjà évoquées ici, plusieurs organisations syndicales se penchent sur le respect des textes en matière de voyage et déplacements d’affaires. Où l’on voit revenir des termes comme «récupération», «adaptation des horaires»… Et surprise, ce ne sont pas les vieux routiers qui râlent… Mais les jeunes cadres !

D’un côté les pros du voyage, ceux qui ont vécu pendant des années les riches heures de l’entreprise. Business facile, hôtels de luxe à volonté et voitures de prestige. Le champagne coulait à flot pour les clients et les notes de frais étaient rarement décortiquées. En face, les jeunes loups élevés aux voyages à la « Lastminute », pas chers et dans des conditions souvent rustiques. Biberonnés à la classe éco, ils ne connaissent ni la business, ni les palaces. Partir est un cadeau. Une promotion sociale. Va pour les 12 heures de classe éco. Qu’importe le gros porteur, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Face à la recherche d’un best price, les deux catégories de voyageurs se disent aujourd’hui «inquiètes des conséquences des voyages sur leur santé». De là à dire que le voyage pourrait bien devenir à terme une «maladie professionnelle», il n’y a qu’un pas. Et côté organisations syndicales, on se dit prêt à le franchir. Ou du moins à regarder les actions légales à mener pour faire appliquer des textes, souvent favorables aux salariés, et peu appliqués aujourd’hui.
L’un des reproches formulé aux entreprises est qu’elles ne se soucient pas de la pression mise sur les voyageurs d’affaires même si elle sait que le moral et le bien-être sont essentiels au développement des affaires. Il reste que cette rébellion naissante est à prendre au sérieux, même si la crise est susceptible de tuer les velléités dans l’œuf. Récupération, compensation commerciale, journées de RTT supplémentaires, rythmes de déplacement, achats de services au sol, les voyageurs veulent désormais retrouver les fruits de leurs efforts. Camarades voyageurs, le temps de la révolte a-t-il vraiment sonné ? Perso, j’en doute.

Marcel Lévy