Vous êtes tous des voleurs, moi aussi !

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Il paraît qu’il n’y a pas plus discret qu’un directeur d’hôtel. Pour le faire parler, autant se lever tôt et être d’un optimisme débordant. Même le « supplice de la chèvre » ne lui fait pas peur. Bon nombre d’entre eux, à deux doigts d’être enveloppés de plumes et de goudron, n’avoueront que leur nom […]

Il paraît qu'il n'y a pas plus discret qu'un directeur d'hôtel. Pour le faire parler, autant se lever tôt et être d'un optimisme débordant. Même le « supplice de la chèvre » ne lui fait pas peur. Bon nombre d'entre eux, à deux doigts d'être enveloppés de plumes et de goudron, n'avoueront que leur nom et les tarifs de leur spa. Pour vous dire. Aussi, lorsqu'ils se lâchent, anonymement il est vrai, leurs révélations sont toujours passionnantes. Dans un livre à paraître en Angleterre au mois de février, Edgar Allwey (Est-ce un nom d'emprunt ?) révèle que les pires voyageurs sont les hommes d’affaires.
Passons sur le fait qu'ils sont râleurs, exigeants, jamais contents et toujours dans l'attente de nouveaux services... Le fameux « toujours plus » indispensable pour mieux vivre. Mais qu’importe, cela ne serait rien si, en plus, ils n’étaient pickpockets. Difficile bien sûr d’avouer notre travers. On veut des preuves, des faits, des dates. Or des preuves, Edgar en a beaucoup. 40 ans d’expériences. Dans les contrôles inopinés qui suivaient le départ d’un hôte, venu là pour un déplacement professionnel, il n'était pas rare de constater que si tous les flacons de la salle de bains étaient partis… Il avait également emmené leurs potes : le peignoir, les chaussons, le sèche-cheveux, les cales-portes, les étiquettes « ne pas déranger », les sacs pour la laundry… Et même, pour les plus sportifs : le téléphone, l'écran plat, un fauteuil de bureau voire même un tapis. Quand l’ascenseur rejoint le parking, les envies d’évasion sont plus fortes. On ne se méfie jamais assez de l'humeur vagabonde d'un tapis.
Bien sûr, Edgar ne montre pas seulement les voyageurs d'affaires du doigt. Il sait que dans l'univers du loisir, les touristes ne sont pas forcément plus honnêtes que les hommes d'affaires. Il se souvient encore de cette table de nuit, très victorienne, qui avait bizarrement disparu de la suite où logeaient, pour un week-end, deux personnalités connues de la télévision britannique. Dans une interview donnée à la chaîne de télévision Sky News, il égratigne les travers et les vices des grands de ce monde. Mais, pas de nom, pas de date, pas la moindre information qui nous permettrait de savoir si les célébrités sont encore plus « chapardeuses » que les hommes d'affaires. Espérons seulement que l'ouvrage sortira en français dans quelques mois. Juste pour se délecter des anecdotes que raconte notre ancien directeur d'hôtel. Mais, paraît-il, inutile d'attendre un livre pour valider tout ce qu'il veut bien nous dire. Si vous croisez un directeur d'hôtel, branchez le sur le sujet car il pourrait vous en raconter autant, si ce n'est plus ! Anonymement, bien sûr....
Allez je l'avoue, les «étiquettes « ne pas déranger » c’est mon truc, ma collection. Faut vraiment que je les rapporte ?

Hélène Retout