Voyage d’affaires : comment évaluer la fatigue des «guerriers de la route»

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Scott Gillespie, le gourou américain du voyage d’affaires, vient d’évoquer sur son blog l’analyse des données provenant de sa société tClara. Ces informations évoquent une catégorie de voyageurs, les « Guerriers de la route », des hommes et des femmes qui parcourent le monde pour leurs entreprises.

Les datas recueillies portent sur plus de 100 000 voyageurs et montrent que chaque mois, en moyenne, ces Guerriers de la route passent souvent plus de 10 nuits loin de leur domicile, et plus de 30 heures dans les avions ! De quoi mettre l’organisme et le moral à rude épreuve.

La plupart des Guerriers de la route peuvent y faire face mais seulement pendant un temps limité. Tôt ou tard, le corps dit «stop» et le «burn out» rode… Et c‘est bien là que le bât blesse car mettre un Guerrier de la route en souffrance, c’est directement mettre en péril la performance de la société qui l’emploie. Il est donc logique d'examiner de près les causes de souffrance du voyageur, la façon dont elle influence les affaires, et surtout, ce qui doit être fait pour palier à cette douleur et maximiser la performance de l’employé voyageur.

tClara a développé et breveté un algorithme capable de suivre l'intégrité moral et physique des voyageurs et d'établir les grandes lignes d'une politique voyage équilibrée, qui n'est pas seulement construit autour du prix. Pour obtenir ces résultats, tClara a analysé 500.000 déplacements faits par 100.000 voyageurs. D’après tClara, les entreprises peuvent désormais comprendre objectivement ce que leurs voyageurs ressentent.

Scott Gillespie a ainsi mis en équation cette souffrance et défini la formule mathématique comme suit :

La souffrance du voyageurs = Quantité de voyages X (empreinte voyage + inconfort du voyage)

L’analyse de la formule permet de mieux en comprendre la finalité.

Quantité de voyages : C’est le nombre de voyages que fait le voyageur associé à la durée de ces déplacements. Certains guerriers de la route font beaucoup de courts trajets, tandis que d'autres font plus de long-courriers. Deux facteurs générateur de stress et d’inconfort.
La quantité de voyage est contrôlable. C’est très lié à l’offre et la demande du secteur d’activité de l’employeur (l’entreprise génère-t-elle plus ou moins de déplacements que ses concurrents?).

L’empreinte voyage : Elle dépend et évolue en fonction de paramètres comme les pays de destination (un voyage en Europe continentale ou un long courrier comprenant un grand nombre d’escales et des zones horaire différentes).
Cette empreinte voyage n'est pas très contrôlable. Elle devrait donc être considérée comme un facteur dépendant des zones couvertes par une entreprise.

Inconfort du voyage : c’est le facteur qui prend en compte des paramètres tels que les pays présents sur les itinéraires (du point de vue des risques), la classe dans laquelle le voyageur vole, la partie de la journée ou de la nuit pendant laquelle s’opère le voyage, si le déplacement comporte un week-end, le décalage horaire comptabilisé…
Ces éléments sont importants pour les voyageurs car ils influent sur la productivité, la santé, la sécurité. A long terme, leur impact sur l'équilibre travail / vie personnelle est important.
Ce facteur d’inconfort est le plus contrôlable des trois critères, et devrait être une priorité pour toute entreprise cherchant à réduire les niveaux de stress des voyageurs.

Les pays Anglo-Saxons ont bien compris l’intérêt de cette méthodologie de calcul et utilisent l’indice généré pour attirer les talents, embaucher et surtout, conserver ceux qui font la force et le savoir de l’entreprise. Comme quoi, une fois de plus, c’est bien de la maturité achats que dépendent les résultats futurs des entreprises et c’est bien la raison pour laquelle la gestion des déplacements d’affaires ne doit surtout pas être prise à la légère et surtout pas regardée sur le plan strictement économique.

Il est évident que la mise en place d’un tel algorithme ne saurait se faire sans la création d’un modèle propre à l’entreprise. Chaque acheteur doit créer sa grille d’analyse et lui donner une mesure établie en fonction de ses propres critères de voyage. L’analyse de la politique voyage est un premier pas vers la création d’un tel indice et la gestion attentive de « son parc voyageurs », deux éléments essentiels à l’éuilibre de la politique voyage et de la politique voyageurs.

Le point de vue d'un acheteur

Comment analyser cette vision, très moderne, de la relation voyageur. Nous avons demandé son commentaire à Yann Le Goff, acheteur chez Sidel.

Yann le Goff : La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que la souffrance du voyageur peut enfin être mesurée de façon factuelle et ce grâce aux données de facturation disponibles dans les entreprises matures (en terme de travel management d’achats voyages). Les politiques voyages peuvent donc être adaptées plus facilement car l’évolution dépend de données chiffrées et non plus de ressenti. Il est ainsi plus facile de justifier la présence ou non en classe avant, mais également de dire quelle catégorie de personnes doit y avoir accès.