Voyage d’affaires, des femmes aux postes clés !

177

Le 8 mars est-il un jour de célébration ou de revendication ? Manifestement, l’Italie en a fait une journée de colère, transformant le rendez-vous en grève générale. Plus globalement, on peut penser qu’il constitue l’occasion de faire le point sur la place des femmes dans un monde professionnel qui favorise traditionnellement les hommes. Lançons-nous.

Les voyageurs d’affaires ne s’étonnent plus beaucoup d’entendre une voix féminine venant du cockpit pour leur souhaiter la bienvenue à bord. Et pourtant, les femmes ne représentent que 5% des pilotes de ligne dans le monde. Un peu plus, 7% chez Air France, avec 78 femmes Commandants de bord et 187 OPL, selon les chiffres affichés fièrement sur Twitter par Véronique Damon, pilote Air France et secrétaire du SNPL. Mais beaucoup plus, 12% chez Air India ! Surprenant, non, au regard de la société indienne ?

Chez EasyJet, on pratique la discrimination positive avec une opération baptisée « Amy Jonkson Flying » lancée en 2015. Le succès de cette initiative a permis à la compagnie de recruter 33 nouveaux pilotes femmes qui ont d'ores et déjà commencé à voler ou suivent une formation afin d'être opérationnelles dans les années à venir. La low-cost s’est fixé un objectif de 20% de femmes aux commandes en 2020. Mais il est vrai, cette compagnie est dirigée par une femme ! Il y a aujourd’hui 15 femmes pilotes basées en France chez EasyJet.

Pour jeter un œil dans le cockpit du Travel Management, tournons-nous vers l’AFTM, Association des Travel Managers. Les femmes constituent une large majorité des adhérents, pas moins de 74% des troupes. Parmi elles, 35% sont TM (66% chez les hommes adhérents), 25% sont des acheteurs, 20% des adhérentes sont des chargées de voyages, 14,37% sont des assistantes et 5,63% sont sans emploi. Grosse différence entre les hommes et les femmes membres de l’Association, il n’y a aucun assistant au masculin, ni aucun demandeur d’emploi. Petite différence encore, 76% des femmes adhérentes sont cadres contre 79% des adhérents.

Moralité, la profession, comme estimé à vue de nez, est très largement féminisée. Pour des raisons historiques ? C’est possible, le métier étant né du besoin, de nombreuses assistantes ont démontré leurs capacités d’organisation et de gestion puis sont montées en grade dans le voyage d’affaires. Mais aujourd’hui l’Escaet – organisme de formation dirigé par des femmes – a toujours plus d’étudiantes que d’étudiants pour accéder directement aux postes convoités. Selon les différentes fédérations d'acheteurs interrogées, les femmes représentent 54% des acheteurs, tous postes confondus, mais seuls 8% d'entre elles portent le titre envié de "Directrice des achats".

Au regard de certaines réactions virulentes à notre article sur les femmes en voyage d’affaires, il y a dans le circuit de ce secteur professionnel des femmes qui revendiquent l’égalité stricte avec les hommes. A juste titre: à travail égal, salaire égal. Pour le reste, j’avoue que j’ai tendance à considérer que les femmes doivent être fières de leurs compétences… et de leurs différences.

Ce sont elles qui font l’équilibre et un Comex féminin n’est pas plus souhaitable qu’un même Comex masculin. Mais je ne suis pas le seule ! "J’ai maintes fois constaté que les femmes peuvent se révéler plus décidées plus tenaces, lors de négociations, par exemple. J’apprécie leur façon d’aborder les gens et les situations autrement que ne le font les hommes. Elles sont des collaboratrices de premier plan", explique Olivier Delouis, Président du groupe Gekko (HCorpo, Teldar,...), chez qui les femmes représentent 73% des salariés et 50% des cadres dirigeants. Il ajoute : "Mes plus proches collaborateurs seront toujours des femmes si je veux gagner face à des hommes". Ténacité, vous dis-je !

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Annie Fave
Journaliste, Editeur de DeplacementsPros.com