Voyage d’affaires, le «online» est-il dangereux pour l’emploi des TMC?

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L’évolution des technologies dans le voyage d’affaires rend difficile la perception des évolutions possibles pour le voyage d’affaires. Toutes les TMC (Travel Management Company) s’interrogent sur les possibles développements d’un marché marqué à la fois par une recherche accrue d’économies et un besoin d’évolutions technologiques réellement exploitables par les voyageurs.

Bertrand Mabille, le DG de CWT, ne l’a pas caché : le premier trimestre n’est pas bon pour le business travel. Les promesses de la fin de l’année 2013 ne se confirment pas et la baisse annoncée des volumes de voyages pour le second semestre 2014 sonne comme une alarme au sein des services commerciaux des fournisseurs. Les grosses structures, comme Amex, font le pari d’investissements technologiques dont on ne sait encore s’ils apporteront toutes les réponses aux questions que se pose le marché.

Concrètement, le online, souvent considéré par les clients comme la panacée en matière de fees, ne répond pas à tous les besoins. Mais avec 80% de déplacements européens réalisés de « point à point », les risques d’erreurs sont faibles et aisément gérables via un smartphone, une tablette ou un ordinateur. L’open booking effraie la génération actuelle d’acheteurs (en Europe plus qu’aux USA) qui craignent de ne pouvoir gérer des achats réalisés un peu partout. La réalité démontre que 10 sites américains réalisent 80% des achats de PME/PMI en matière de déplacements professionnels. Dix API, ces petits programmes qui permettent de faire communiquer les datas, suffiront à régler une bonne partie des demandes de la génération Y.

Seule certitude, le gain d’un point de online représente entre 9 et 12 emplois de perdus, selon les pays et les continents. Les objectifs que se fixent les agences sont donc mathématiquement dangereux pour l’emploi, sauf si l’évolution passe par la formation et la mise à niveau d’une grande partie des personnels implantés sur les plateaux. Toutes les TMC le veulent a priori et les relations sont relativement bonnes avec les syndicats pour que les projets prennent forme.

Il reste à définir la stratégie de développement. C’est là que le bât blesse. Pour les petites structures (FFT Paris, 3mundi, ATPI…) cette évolution du travel est naturellement intégrée à l’offre. Pour les autres, la vision est plus complexe, la machinerie plus lourde. D’autant que les clients eux-mêmes regardent avec intérêt les promesses potentielles d’un « door to door », de l’instant budget ou de la visioconférence. N’oublions pas qu’en France, le CAC 40 ne représente que 34% des déplacements professionnels. Avec des services achats qui ont bien compris le mécanisme du online, on sait aujourd’hui qu’innover pour innover ne servira à rien. A moins qu’un plus malin ne vienne bousculer les positions acquises.

Pierre Barre