Voyager masqué

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Par ces temps de contamination grippale, difficile de savoir où il est possible de mettre les pieds pour les voyageurs d’affaires: autant il est acquis que le Mexique semble être à oublier, autant d’autres destinations pourraient l’être. Au nom d’un principe de précautions qui semble s’être emballé avec la machine médiatique. Lorsque les annonces sont […]

Par ces temps de contamination grippale, difficile de savoir où il est possible de mettre les pieds pour les voyageurs d’affaires: autant il est acquis que le Mexique semble être à oublier, autant d’autres destinations pourraient l’être. Au nom d’un principe de précautions qui semble s'être emballé avec la machine médiatique.
Lorsque les annonces sont venues du Mexique et que le pays a déclenché lui-même l’alerte, la semaine dernière, en faisant référence à la grippe espagnole, les mesures de prévention ont semblé totalement légitimes, provoquant à la fois les rapatriements des voyageurs de tout poil et les avertissements du Quai d’Orsay. Aujourd’hui on s’aperçoit que le virus AH1N1 est connu depuis les années 30, ce qui ne remet en rien en cause sa virulence et sa toxicité, mais on peut imaginer qu’on a eu le temps de l’étudier, tout autant d’ailleurs que ce vieux virus de la grippe espagnole de plus de 90 ans ! Et les mesures de précaution semblent quelque peu aléatoires, soit dans l’excès soit dans la demie mesure.

Ainsi les voyageurs d’affaires ont il intérêt à ne pas tousser dans un vol pour la Chine : un Français racontait dimanche dans le JDD comment il était, avec 300 personnes, coincé jusqu’au 9 mai dans un hôtel de Hong Kong où un Mexicain, malade puis guéri, a eu la mauvaise idée de séjourner. Des dizaines d’autres (une vingtaine de canadiens, 4 américains, des mexicains aussi, des sud –américains divers) sont en quarantaine dans plusieurs hôpitaux chinois sur soupçon de grippe, avérée ou non. New-York, deuxième foyer après Mexico, avec des malades mais pas de victime, a été interdite pour les groupes scolaires Français. Mais pas un mot d’alerte pour les voyageurs d’affaires, libres de gambader à leur idée sans plus de mesures de prévention. Ni à l’aller, ni au retour. En revanche les passagers qui auront, malgré les avertissements, décidé de se rendre au Mexique passeront au retour par une aérogare spéciale à Roissy… alors que tous les clients des tour-opérateurs ont été rapatriés au plus tard dimanche dernier. Petite suggestion : passer par Madrid. Les vols via la capitale espagnole ne sont pas inspectés. Pensez, ils arrivent d’Espagne !

Le principe de précautions est sans doute pertinent, mais encore faudrait il l’appliquer avec sérieux ! Car si l'originalité de cette grippe est d'être passée de l'animal à l'homme, c’est une grippe. Qui se soigne avec les anti-rétro viraux habituels… et peut comporter des risques tout aussi habituels. Doit on rappeler que la grippe tue, chaque année, des milliers de personnes sans que jamais, contrairement à la tradition japonaise, on ait décidé de distribuer gratuitement des masques à chaque alerte. Allez, voyageur d’affaires en péril, munie toi de ton masque ! Comme Zorro, va sauver le monde.

Annie Fave