Voyager pour se faire embaucher ou se faire embaucher pour voyager ?

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À en croire les différentes études européennes publiées ces derniers mois sur le sujet, voyager serait un atout de taille pour se faire embaucher. Et non le contraire. Stages à l’étranger, premier boulot dans un pays européen ou plus simplement des études dans une langue qui n’est pas la sienne, voilà des conditions essentielles pour […]

À en croire les différentes études européennes publiées ces derniers mois sur le sujet, voyager serait un atout de taille pour se faire embaucher. Et non le contraire. Stages à l'étranger, premier boulot dans un pays européen ou plus simplement des études dans une langue qui n'est pas la sienne, voilà des conditions essentielles pour se retrouver dans une entreprise qui travaille beaucoup à l'export.
Dans une étude rapportée par le Washington Post, les jeunes étudiants Américains seraient de plus en plus enclins à quitter leur pays pour aller s'installer en Europe ou en Asie. Le chiffre laisse rêveur : 64 % des diplômés outre-Atlantique aimeraient ainsi faire un début de carrière à l'étranger. Les destinations évoquées ne le sont pas par hasard. La France, l’Angleterre ou l’Inde, souvent citées, sont appréciées pour leur qualité de vie et une culture très différente de celle du pays d'origine. Cette tendance aux Etats Unis, selon les recruteurs français, est également valable chez nous. Apprendre l'anglais ou toute autre langue à l'école ne suffit pas à donner une approche totalement bilingue d'un marché. Bien des entreprises exigent aujourd'hui une expérience internationale au moment d'embaucher les jeunes cadres qui demain la représenteront à l'étranger. Mais pour beaucoup de DRH, si la formation aux langues et d'assez bonne qualité, c'est la formation aux voyages qui manque encore aux jeunes cadres français. Voyager, demande une assez bonne confiance en soi pour ne pas se faire piéger par des petits détails qui pourraient effrayer sur le terrain. Les Anglo-Saxons l'ont bien compris en intégrant de solides formations voyagent d'affaires dans leurs écoles de commerce.
Et les Français ? Le sujet est suffisamment sensible mais on constate aujourd'hui une absence quasi totale de savoir-faire en matière de formation aux voyages d'affaires. Certains consultants, enseignants dans de prestigieuses écoles de commerce, avouent que le sujet n'est pas une préoccupation majeure même si tous reconnaissent qu’une première expérience est un atout que la formation peut combler… du moins les premières années. Il n'est pas inintéressant de remarquer que dans l'univers de l'édition anglo-saxonne une petite dizaine de livres aborde le sujet. En France, un seul, épuisé à ce jour, avait tenté de donner une première approche du voyage d'affaires aux jeunes cadres appelés à partir à l'étranger. Le terrain est donc vierge. Mais cela ne suffit pas car sans la volonté d'une école, d'un enseignant voire même d'une entreprise, le voyage s'improvise plutôt qu'il ne se vit. C'est toute la différence entre la vision française et celle que développent nos concurrents européens. À force de considérer le voyage comme des vacances, erreur tragique, bien des entreprises oublient que la formation de leurs voyageurs fait partie d'un savoir qui les valorise. Mais combien sont conscients de cette situation ?

Marcel Levy