Voyages d’affaires, l’Europe pessimiste pour le second semestre

62

Alors que la plupart des études mondiales annoncent une faible reprise du voyage d'affaires pour l'année en cours, Eurostat est plus pessimiste pour prédire l'activité économique de la zone euro au second semestre 2013. La récession annoncée en France, même faible pour ne pas dire insignifiante, pèse sur le moral des entreprises qui, pour 54 % d'entre elles, se disent inquiètent pour les mois à venir. Conséquence directe : des déplacements moins nombreux, limités dans le temps. "Une erreur d'appréciation", selon les experts anglo-saxons.

Difficile de se fier aux seules annonces de certaines compagnies aériennes qui publient, mois après mois, des résultats surprenants en terme de passagers. Si quelques unes d'entre elles captent le marché des déplacements privés ou professionnels (c'est le cas des compagnies du Golfe), la plupart des autres, européennes, américaines ou asiatiques, souffrent. A des niveaux eux aussi différents. Pour autant, force est de constater que la reprise du business travel est émergente mais loin d'être bien engagée. Certes, les bons résultats de l'aérien se font avec la forte progression du tourisme mais aussi par la montée en puissance des "migrations interprofessionnelles" qui font quitter l'Asie ou l'Afrique à des populations pauvres en recherche de travail. Ces migrations, analysées par l'Organisation Mondiale du Travail, pèseraient à hauteur de 28 % dans le trafic aérien. Un chiffre estimé qui n'est pas officiellement confirmé.
En tous cas si l'on en croit nos sources au sein des grandes TMC mondiales, l'heure est au doute. Et les données en provenance de la communauté européenne ne sont pas rassurantes. Le taux d'investissement des entreprises est en baisse à 19,7% dans la zone euro alors que les recettes fiscales, toutes confondues, sont en hausse pour atteindre 38,7% du PIB, un record. La longue litanie des chiffres négatifs a donc tout naturellement des conséquences sur le voyage d'affaires. La hausse de 2 ou 3 % annoncée par les études (tous résultats confondus) pourrait bien ne jamais se produire. Les plus pessimistes parlent maintenant d'une hausse de 0, 5%. Au mieux.
Face à ce thermomètre plutôt négatif, les entreprises savent pourtant qu'elles n'ont pas d'autres choix que de trouver des clients. Nos voisins anglais et allemands l'ont bien compris. La hausse des déplacements professionnels se situerait chez eux entre 3 et 6% au premier trimestre 2013. Et pour réussir cette présence sur le terrain, les entreprises ont fait des économies sur d'autres postes. Se déplacer est devenu plus que jamais un investissement. Il faut oublier nos racines latines, pour exploiter notre vision anglo-saxonne du risque. Celle qui a fait dire à l'Amiral Nelson "Le nombre de soldats ne veut rien dire, c'est la stratégie et l'audace qui font les victoires".

Marcel Lévy