Voyageurs d’affaires, bienvenue à la génération « pouces et « casque »!

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C'est un phénomène qu'évoquent avec le sourire les personnels naviguant : l'arrivée à bord de jeunes voyageurs d'affaires, casque sur les oreilles et pouces en avant pour finir un SMS. Une attitude qui surprend à une époque ou l'exigence des services est devenue un leitmotiv lors d'un déplacement professionnel. Mais prudence, ne jugeons pas trop vite car ces nouveaux voyageurs sont souvent bien plus curieux que leurs ainées. Une petite évolution qui séduit les équipages.

"Dans les années 90 et 2000, il était rare de discuter avec un passager des spécificités de notre métier", remarque une hôtesse de l'air, aujourd'hui responsable de la formation au sol. "Désormais, le dialogue avec les personnels navigants est très fréquent et sur tous les sujets, que ce soit sur la destination, nos habitudes à l'arrivée voire même la gastronomie à bord", souligne cette spécialiste qui avoue qu'en vingt ans, les habitudes en vol ont bien changé. Premier constat, la lecture à bord disparait. Finis les livres oubliés, seuls quelques magazines froissés trainent à l'arrivée. Les tablettes s'installent à bord... Pour lire (un peu), écouter de la musique (beaucoup) ou regarder un film (souvent). D'autant que beaucoup de jeunes voyageurs, passionnés de cinéma, n'ont pas attendu l'avion pour regarder les dernières sorties cinématographiques.
En baisse aussi, le temps consacré au travail. "Généralement, une ou deux heures avant l'arrivée, les dossiers ressortent comme pour une dernière révision", commente Michel, steward sur Air France. "On classe les papiers, on relit des notes et l'ordinateur sort de sa pochette pour la dernière révision d'un PowerPoint". Au delà, les avis se font plus sûrs sur la carte de vins, la cuisson des plats ou la qualité du snack.
Dernière observation, à peine les roues posées, les casques audio ressortent et les pouces retrouvent leur agilité. L'avion n'a été qu'une simple parenthèse. Après tout, c'est bien sa finalité.

Pierre Barre