Voyageurs d’affaires en… cars SNCF

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Voilà déjà quelques semaines que le car est devenu l'un des sujets de discussion à la SNCF. Officiellement annoncée au quotidien Les Echos par Barbara Dalibard, directrice générale de SNCF Voyages, la concurrence que fera la SNCF à Eurolines ou Megabus avec Speed (ce serait le nom de la future marque) devrait débuter dès le mois de juillet. Lille servira de premier Hub avant l'ouverture d'autres sites en France.

Faute de base immédiatement disponible, la "gare" de Paris ne sera pas ouverte avant quelques mois. En revanche le Sud de la France devrait rapidement disposer d'une offre au départ de Marseille et Toulouse. Bonne nouvelle, le car SNCF aura de la "gueule" : le Wifi sera disponible à bord tout comme les toilettes, preuve que les destinations "internationales" (comme Amsterdam ou Londres) seront au programme de l'entreprise "ferrovicariste" (ne cherchez pas le terme dans le dictionnaire, il est inventé pour l'occasion). Placée sous le signe de l'écologie et du transport en commun, peut-on voir une autre ambition du projet ? Sans aucun doute. Le rail prépare la mixité attendue du transport public qui pourrait annoncer très vite, la fermeture de ces toutes petites lignes régionales, peu fréquentées et maintenues à coup de subventions par les instances politiques. L'Auvergne ou la Franche Comté, par exemple, pourraient ainsi voir les liaisons secondaires - pour ne pas dire plus - remplacées par des cars ultra modernes, bien moins chers à exploiter. Dans une politique qui privilégie la grande vitesse, largement plébiscitée par le public, le car constitue l'alternative de service public à bas prix. On a vu lors des assises du ferroviaire que l'idée d'une "gare pour tous à moins de 10 km de chez soi" ne saurait tenir la distance. Heureusement pour nos finances. Bien évidemment, le car n'est pas l'outil du voyageur d'affaires, pressé par le temps et attentif aux déplacements courts et efficaces. Mais contrecoup, le projet a tout de même un intérêt pour lui : il devrait permettre de donner un coup de frein aux hausses tarifaires du rail en France, par la diminution des coûts d'exploitation du réseau. Que du bon, non ?

Marcel Lévy