Web 2.0, la fin des belles idées

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Le participatif qui faisait office de révolution autour des derniers développements sur le net vient de prendre un coup dans l’aile. A San Francisco, où se tenait en janvier dernier la conférence annuelle web 2.0, les acteurs du domaine étaient plutôt moroses. Et pour cause, « compter sur les internautes pour alimenter du contenu éditorial […]

Le participatif qui faisait office de révolution autour des derniers développements sur le net vient de prendre un coup dans l’aile. A San Francisco, où se tenait en janvier dernier la conférence annuelle web 2.0, les acteurs du domaine étaient plutôt moroses. Et pour cause, « compter sur les internautes pour alimenter du contenu éditorial est un leurre » a explique Tim O’Reilly, pape du domaine et organisateur de la rencontre.
« En fait » a expliqué Tim O'Reilly « le participatif s'est coupé de la vraie vie en étant encore trop fortement modéré ou dans les mains de vendeurs en ligne, voire en ne donnant aucun objectif concret à ceux qui interviennent ». Le web 2.0 promesse affûtée du voyage ne tient pas vraiment la route. A une époque ou le virtuelle s’est imposée dans l’esprit des plus jeunes, le commentaire devient superflu. Internet en confortant la bulle égoïste de chacun montre ses limites collectives. Et pourtant, les plus belles réussites font appel à l’intelligence collective, à condition qu’elle ne dépasse pas le cadre personnel de l’internaute. Wikipedia est un must... Mais perclus d’erreur alors qu’Ebay en transformant chaque visiteur en brocanteur a donné au sens « collectif » ses lettres de noblesses. Et l’expérience se poursuit avec les Tripadvisor ou tout autres moteurs de commentaires. Les baisses de crédibilité sont énormes. Et pour cause, la vente est directement associée à l’offre et il y a autant de bons que de mauvais commentaires. L’excellent principe du site est détournée. Il est né de l’information et porte désormais toutes les peurs commerciales : publicités déguisées, faux commentaires, adverposting... Le voyage d’affaires n’échappe pas à la règle. Au contraire, croire que le SBT peut s’enrichir des commentaires du voyageur devient une idée peu crédible. Les retours d’expérience sont mauvais. Très mauvais. Enfin, à une époque où la contrainte va grossissant, laisser croire au voyageur d'affaires qu'il aura son mot à dire sur le choix de l'hôtel apparaît plus que ridicule à bon nombre de spécialistes. Et pourtant, TripAdvisor vient d'annoncer qu'il s'ouvre aux hôtels d'affaires. Une mesure de plus pour "camoufler" la vente derrière le pseudo participatif.

Marcel Lévy