A l’aise dans ses souliers, le secret d’un voyage réussi

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Ils vous supportent toute la journée. Et vous les subissez parfois. Mais pour voler, rouler, naviguer, négocier… marcher, il faut savoir adopter le modèle qui jamais ne vous trahira. Olga Berluti, directrice de la marque éponyme, femme d’affaires et grande voyageuse, vous livre, avec deux autres spécialistes, ses secrets d’experte.

Marlène Dietrich disait que ce qu’elle regardait en premier chez un homme, c’était ses pieds. Rien d’érotique dans cette affirmation mais juste la confirmation de ce que pensent beaucoup de spécialistes de la mode : on juge l’image extérieure d’un partenaire à la qualité et à l’entretien de ses chaussures. Comme pour la cravate, chez un homme, premier fer de lance du regard de l’autre, les chaussures donnent le ton d’une personnalité. « Soignées, adaptées, en phase avec le costume, elles sont la signature extérieure la plus évidente » commente Aline Moemet, psychologue d’entreprise et auteur d’un livre blanc sur le look « Une chaussure propre qui colle aux choix vestimentaires renvoie l’image d’un homme pointilleux, attentif aux détails et sans doute perfectionniste. De la boue, une couleur inadaptée et une forme ringarde démontrent le peu de finesse générale de son interlocuteur ». Mais pour cette femme de l’art, il faut aussi se méfier des excès. « Dans le monde des affaires, trop de luxe apparent nuit aux résultats. S’il ne faut pas faire envie, il ne faut pas non plus rendre jaloux celui ou celle qui vous reçoit ». Pour concrétiser cette idée, Aline développe une théorie basée avant tout sur les 3 C : confort, choix, couleur. En respectant, et dans cet ordre le choix d’une paire de chaussures on est certain de ne pas se tromper.

L'escarpin le globe-trotter, nec plus ultra.

On l’ignore bien souvent mais le vocable « escarpin » s’applique à un soulier d’homme comme à une chaussure de femme. Modèle fermé,à lacets plutôt qu’à boucle dans le milieu professionnel, il possède toujours un talon de 3 à 5 cm, hauteur parfaite pour la colonne vertébrale. Sans aucune couture, il est tout à la fois confortable et élégant et convient à toutes les tenues, même les plus habillées . Chaussure urbaine, traitée dans un cuir de qualité, et dans des couleurs neutres elle est essentielle assure les spécialistes pour mener de « paire » et tambour battant obligations professionnelles et aspirations personnelles.
Noir il accepte le pantalon de velours comme le smoking.
Comme pour le mocassin, les modèles les plus adaptés dans le milieu « business » sont en cuir pleine fleur ou en box.
Le richelieu, son cousin, chaussure basse ou couvrant juste la cheville, avec ses deux empiècements en forme d'oreilles supportant les lacets est à réserver pour les déplacements type « visites de chantier, d’usines, de champs de production ». En cuir gras, marron foncé, type Paraboot, il brave la boue, la pluie, la graisse des ateliers etc. Parfait pour l’ingénieur agronome, l’architecte, l’urbaniste, contraints de concilier réunions dans les bureaux et « descente » sur le terrain. Un peu lourd et lourdaud en revanche pour prendre l’avion et même le train sur de longues distances. Il se glisse dans la valise et ne sort qu’à bon escient.

Code couleurs, code forme

A l’aise dans ses souliers, le secret d'un voyage réussi
Olga Berluti n’en démord pas « J’ai toujours constaté qu’en voyage, en réunion, rien ne remplaçait la sobriété, la simplicité. Pas besoin d’extravagance, de fantaisie. Quant à l’alliance des couleurs de vêtements et de souliers, elle est facile. Une paire noire, tête de nègre ou gris foncé se marie parfaitement avec du noir, du marine, du marron, du gris, voire du blanc. Seul le smoking ou l’habit imposent une paire de souliers noirs. Vernis ou non, c’est selon. Mais toujours patinée.
Voilà pourquoi lorsqu’on boucle ses valises il suffit d’y glisser une paire de souliers seulement, en plus de celle que l’on porte. Au cas où celle-ci serait endommagée, souillée. Suffisant, pour trotter d’un avion à un taxi, arpenter un long corridor d’hôtel, une salle d’attente. Rester bien dans ses « pompes », même lorsqu’on est pompé !En se souvenant que les souliers, au même titre que la valise, le stylo, l’ordinateur sont des outils de travail, qui nécessitent, pour assurer leur fonction un certain investissement. Vite amorti.

Les interdits, les bannis !

Bottiers mais aussi coachs en look et médecins du sports déconseillent aussi bien dans les transports que lors des séminaires, des longues réunions de travail, les boots, les bottes, les baskets… qui entravent la circulation sanguine, compressent le coup de pied, favorisent la transpiration. Elles sont de plus encombrantes. A oublier aussi : les tongs, même de luxe, qui donnent vite un air négligé - les sandalettes qui confèrent un air mystique, sectaire- les chaussures en matière synthétique qui chauffent le pied- les modèles extravagants, clinquants- les chaussures style orthopédiques, qui malgré leur design bien amélioré font, au choix, « hôpital » ou baba cool d’Europe de l’est.
Réserver les chaussures de sports au sport avant les premières réunions ou après le dernier rendez-vous. Même si leur esthétisme est superbe, même siglées, elles dénotent toujours un peu dans le monde somme toute très conservateur des affaires.

La sandale, de jour comme de nuit

A l’aise dans ses souliers, le secret d'un voyage réussi
Pascual, styliste bottier chez Costantino & Ravaillac ne jure, pour une femme d’affaires, que par les sandales à brides avec un talon de 7 à 10 cm. « Elles vont à toutes les morphologies, se marient aussi bien avec un pantalon une robe, une jupe. Elles sortent de la valise, sans avoir souffert du voyage ». Pour le jour, les choisir métallisées, bronze, or, argent, qui apporte une note raffinée, chic, à un tailleur foncé, par exemple. Eviter le noir, triste, très présent. Pour un cocktail, un dîner lorsqu’on n’a pas toujours le temps de troquer son costume ou sa robe classique noir, marine, taupe, crème etc, oser les sandales, à talons fins, unies, flashy turquoise, corail, rose indien, anis.

Emballés, les souliers !

A l’aise dans ses souliers, le secret d'un voyage réussi
Plus ils sont luxueux, moins ils aiment voyager dans un bagage quel qu’il soit. Pour leur conserver belle allure :
- utiliser des demi-formes en plastique très léger
- envelopper chaque soulier dans du papier de soie
- les glisser tête-bêche dans une housse en tissu, surtout pas en plastique
- les placer au fond du bagage, les vêtements au-dessus
- les ranger dès l’arrivée en un endroit sec et aéré.

Les confier au room-service ?

De moins en moins d’hôtels, même les plus étoilés, proposent l’entretien des souliers. Ils préfèrent mettre à disposition de leurs hôtes un nécessaire plus ou moins complet. C’est que plus les chaussures sont de qualité, plus elles requièrent des soins adaptés. Avant d’abandonner votre paire de prédilection devant votre porte, si vous n’êtes pas un habitué des lieux, posez quelques questions : quel cirage ? quelle brosse ? quels délais ? Car rien n’est plus nuisible à un beau cuir qu’un cirage liquide, qu’un ton qui ne colle pas avec sa nuance, qu’un brossage bâclé.
Si vos souliers sont mouillés, faites les sécher sur des embauchoirs, loin d’une source chauffante directe, pour qu’ils reprennent leur forme originelle. Dans la trousse mise à disposition, n’utilisez jamais les éponges imprégnées de produits d’entretien dont vous ignorez la composition. Pas confiance ? Pas le nécessaire adéquat ? Seule solution, utilisez un chiffon doux humidifié et frottez. Bien pratique à glisser dans votre bagage la petite trousse de nécessaire à chaussures très complète de Davidt’s (40 € environ).
« Si ma chaussure est étroite, que m'importe que le monde soit vaste. »
Proverbe turc


« On peut savoir beaucoup sur les gens en regardant leurs chaussures. Qui ils sont. Où ils vont. Où ils sont allés. »
Robert Zemeckis, cinéaste américain


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