ADP veut doubler ses investissements sur 5 ans et augmenter les redevances

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Le Groupe ADP a présenté son projet de contrat de régulation économique 2021-2025. Le gestionnaire de Roissy et Orly prévoit entre autres d'investir 6 milliards d'euros sur 5 ans afin de gérer la hausse de croissance de trafic prévue. Et au grand dam des compagnies aériennes, il souhaiterait accompagner ces investissements d'une nouvelle augmentation des redevances.

Dans son projet de contrat de régulation économique 2021-2025, le Groupe ADP propose d'investir 6 milliards d'euros sur 5 ans, soit le double de la somme du plan quinquennal actuel en cours. Ce programme, s'il est approuvé, financerait entre autres le lancement des travaux du futur terminal 4 de Roissy-CDG et l'extension des capacités de Roissy-CDG et d'Orly.

Selon la holding, ces agrandissements et l'optimisation des infrastructures devraient permettre d'accueillir un trafic passagers en croissance de 2,6% en moyenne par an. ADP pourrait ainsi gérer 125,8 millions de passagers à l'horizon 2025.

Le groupe ajoute "la politique d'investissements proposée aujourd'hui marque une nouvelle étape, tant en termes de montants qu'en termes d'horizons de développement. Elle permettra non seulement de faire face aux besoins de la période 2021-2025, mais aussi d'entamer des opérations structurantes contribuant au développement à long terme des trois plates-formes franciliennes".

Après ces chiffres très encourageants, l'entreprise aborde le sujet de nombreuses tensions avec les compagnies aériennes : les redevances aéroportuaires. Elle table sur une évolution "égale à l’inflation augmentée de 1,35 point en moyenne pour la période 2021-2025".

La société dont chaque nouvelle augmentation des charges est source de conflit, défend sa proposition "Ainsi, en dépit du doublement du montant des investissements, la trajectoire d’évolution tarifaire demeure modérée, à un niveau inférieur à la moyenne constatée pour les gestionnaires d'aéroports comparables. L'évolution des tarifs de redevances est comparable aux périodes précédentes, sans variation significative liée aux cycles d’investissement, offrant une visibilité aux clients du Groupe ADP". Mais, ses arguments sont loin de convaincre les compagnies aériennes...

Les compagnies aériennes sont en colère
Le SCARA, qui représente 40% des transporteurs français, a rapidement dénoncé par le biais d'un communiqué "une manipulation grossière".

L'organisation déplore "ADP qualifie de «modération tarifaire réelle» sa proposition d'une évolution de +1,35% en plus de l'inflation, alors qu'après des années de hausses extravagantes au regard de l'inflation et des tarifs passagers, les compagnies aériennes s'attendaient légitimement à des baisses de tarifs importantes". Elle ajoute "Rappelons qu'entre 2006, date de l'ouverture du capital d'ADP aux capitaux privés, et 2018, les tarifs des redevances aéroportuaires d'ADP ont augmenté de 42% alors que pendant le même temps l'inflation était  de 15% et le prix des billets d'avion baissait de 20%".
 
Elle conclut "En publiant de manière précipitée son Document Public de Consultation, ADP coupe court à une concertation sereine avec ses clients, compagnies aériennes. Avec un but précis : mettre en place le plus rapidement possible un Contrat de Régulation Économique avec l’État qui garantira à ses investisseurs dans le cadre de sa toute prochaine privatisation une rentabilité invulnérable. Avec, pour asseoir cette garantie, une loi Pacte votée par la Représentation Nationale rendant la gouvernance des CRE encore plus difficile dans l'avenir pour les compagnies aériennes".