AF447, dernière ligne droite avant la sortie

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C'est le 5 juillet prochain que l'on découvrira les conclusions définitives de l'enquête menée par le BEA sur le crash du vol Rio-Paris qui, le premier juin 2009, avait fait 228 victimes. Il y a peu de surprises à attendre du document final qui reprendra les grandes lignes du rapport d'étape édité en juillet 2011, et montrait du doigt les failles de l'équipage. Comme dans tout accident sans survivant, ce sont seulement des hypothèses qui seront détaillées sans qu'aucune certitude ne vienne étayer les informations qui seront communiquées.

Un crash aérien, quelles qu'en soient les raisons, a toujours le mérite d'obliger les spécialistes à analyser les causes et les enchainements de l'accident pour éviter qu'il ne se reproduise. Notre spécialiste aérien, Jean-Louis Baroux, n'a jamais caché qu'un "malheur permettait d'en éviter d'autres et que l'expérience acquise d'une défaillance profitait à la communauté du transport aérien". Malheureusement, ni les familles, ni la compagnie, ni même les amoureux du ciel ne peuvent accepter ce fait sans réagir. Pouvait-on l'éviter, voilà la vraie question. Les pilotes on déjà fait savoir, un peu hâtivement, qu'ils rejetaient une erreur grossière de leur collègue. Une défense corporatiste qui, pour les experts, ne passe pas à l'analyse des faits. Une position qui révèle le malaise d'une profession soumis à la fatigue, aux contraintes et à un ensemble de pressions pas toujours faciles à gérer. Pour le constructeur Airbus et ses fournisseurs, la faille des sondes Pitot n'explique pas tout. Ils invitent à regarder du côté de la météo et des conditions climatologiques spécifiques sur cette partie de l'océan pour trouver un fautif. Enfin, la compagnie, montrée du doigt pour des problèmes de formation, a repoussé toutes les accusations, se bornant dignement à assumer ses responsabilités face au drame. Vous l'aurez compris, à moins de débusquer un lampiste que l'on chargera comme une mule, le rapport attendu n'aura d'autres intérêts que de préserver l'avenir. Et de fait, on se demande si après ce terrible événement, les choses ont finalement changé. La route aérienne entre Rio et Paris a t-elle était modifiée ? La fatigue des pilotes est-elle prise en compte et les horaires sont-ils adaptés ? Le constructeur a t-il changé de fournisseurs pour les sondes ? La compagnie a-t-elle repensée la formation de ses équipages ? Je n'ose vous donner la réponse pour trois des quatre points évoqués tant les éléments en notre possession manquent de clarté et de précision. Mais vous l'aurez compris, et Socrate le disait "l'expérience est si personnelle que vouloir la transmettre est une tâche sans fin".

Hélène Retout