AF447 : pour le SNPL, « l’Agence européenne de sécurité aérienne gravement défaillante »

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Le jugement su Syndicat National des Pilotes de Lignes ALPA, est sans appel : "La déposition du Directeur de l’AESA montre l’absence totale d’indépendance de l’agence de régulation vis-à-vis des constructeurs". Pour les pilotes, l'affaire du vol AF447 est loin d'être aussi claire que le pensent les autorités européennes.

Depuis le début de l'enquête judiciaire, le syndicat s’interroge sur "le rôle joué par l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA)" et d'expliquer "Pendant de nombreux mois, d'août 2010 à avril 2013, le Directeur exécutif de l’agence s’est accroché à son immunité européenne afin d’éviter d’avoir à témoigner. A la demande de son conseil d’administration et grâce à l’opiniâtreté de la juge d’instruction Zimmermann, il a fini par s’expliquer auprès de la justice". Concrètement, le SNPL, partie civile, a eu accès à la déposition. Selon le syndicat, l’AESA a lourdement failli à son obligation de suivi de navigabilité des avions en considérant exclusivement les informations communiquées par les constructeurs, sans jamais les vérifier ou les remettre en cause. Pour le syndicat, "Les incidents antérieurs à l’accident de l’AF447 et précurseurs de celui-ci, causés par le givrage des sondes pitot, ont été sous-estimés par le constructeur. Ils ont ainsi été passés sous silence, sans qu’à aucun moment l’Agence ne juge bon d’investiguer plus loin, alors que c’est bien là le coeur de sa mission". A ce constat, selon le SNPL, s'ajoute un rapport de la Cour des comptes de l’Union européenne fin 2012 mettant en cause la gestion déplorable des conflits d’intérêt au sein de l’AESA. Dans cette communication, le syndicat ne formule pas de demandes particulières mais souhaite souligner les dysfonctionnements d'un organisme, à priori créé pour vérifier et contrôler les éléments techniques proposés par les fournisseurs et installés sur les avions.