Accor, l’entreprise difficile à piloter se sépare de Dennis Hennequin, son PDG

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"Si vous savez comment est constitué le groupe, écrivez-le vous ferez un tabac", me dit un directeur du groupe Accor en souriant. La complexité même de l'entreprise rend opaque son organisation. Un hasard ? Pas tout à fait. Les deux créateurs (Paul Dubrule et Gérard Pélisson) auraient même tout fait pour que personne ne vienne se mêler des process hôteliers qu'ils mettaient en place. Avec un peu plus de 3 500 hôtels et 160 000 collaborateurs, Accor ne peut se permettre la moindre dérive faute de quoi le groupe perdrait sa place de leader hôtelier mondial.

Accor, l'entreprise difficile à piloter se sépare de Dennis Hennequin, son PDG
Le départ de Denis Hennequin, acté depuis ce mardi 23 avril, inquiète les salariés qui ont besoin de comprendre la stratégie qui les guidera ces prochains mois. Déjà la CFDT fait savoir sa crainte de voir le groupe se replier sur lui même en abandonnant la vision sociale indispensable à l'hôtellerie moderne. Après Gilles Pélisson, remercié en 2010, Denis Hennequin paye le besoin de cash de ses actionnaires, le duo Colony Capital-Eurazeo. Pourtant, il avait réussi à rétablir la lisibilité des marques et s'était engagé sur les voies de la gestion pure en revendant les derniers murs que possédait l'entreprise. 2011, malgré la crise, a été une année record pour le groupe. Mais la montée des comparateurs hôteliers et la bataille sur les prix engagée par les franchisés pèsent lourd dans les comptes. La faiblesse du développement en Chine a déçu la bourse. Et même si le PDG avait bien compris le besoin de "booster" le commerce électronique et les marchés étrangers émergents, il souhaitait le faire à un rythme raisonnable. Ne pas effrayer la structure et la conforter dans son développement... Visiblement les actionnaires pensaient différemment. L'ancien patron de Mac Donald n'aura pas réussi à imposer sa vision. Et les jours qui viennent s'annoncent sombres même si c'est un grand professionnel, Yann Caillère, qui prend l'opérationnel. Yann Caillère connait toutes les arcanes du groupe, les chausse trappes comme les points forts. Bercé au son de l'hôtellerie, il aura à rassurer ses équipes et à tracer une nouvelle feuille de route. Le nouveau Vice Président du conseil, Philippe Bazin, aura à reporter à Philippe Citerne, jusqu'alors vice Président du groupe devenu Président non exécutif du groupe. Un travail complexe dans un monde hôtelier qui bouge en permanence. Au delà d'une stratégie immédiate, le duo à la tête d'Accor se devra d'avoir une vision à long terme. La seule capable de passer les fourches caudines des actionnaires.

Le communiqué officiel ci dessous