Accor : le départ annoncé de Yann Caillère risque de bousculer la stratégie du groupe hôtelier

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Annoncé dans la foulée de la nomination de Sebastien Bazin au poste de PDG, le départ prochain de Yann Caillère, l'actuel Directeur Général, pourrait marquer le début d'une période un peu confuse pour Accor. Même si personne n'est indispensable à la réussite d'une stratégie, c'est le mélange du savoir faire hôtelier et de la maitrise financière qui donne ses lettres de noblesses à l'ensemble. La finance seule ne pourra pas répondre au flou artistique des marques que connait encore le groupe français.

Sébastien Bazin devra donc faire avec un nouveau directeur général. Si l'amélioration de la rentabilité reste la ligne directrice, la bataille hôtelière qui fait rage dans le monde ne saurait se satisfaire des seuls contrats de gestion et de nouveaux franchisés. Les groupes asiatiques, comme Mandarin Oriental ou Shangri-La, on parfaitement compris que l'image était aussi un capital fort au moment de la réservation. Si Accor a travaillé sur l'ensemble des segments de l'hôtellerie, de l'entrée de gamme via le mid market (Mercure par exemple) ou le haut de gamme (comme Sofitel), on ne peut pas affirmer aujourd'hui que les enseignes flirtent toutes avec le succès. La stratégie reste encore brouillée et la structure même du groupe est opaque avec un mélange de directions qualifiée en interne même "d'armée mexicaine matinée de guerre des étoiles".

Et la situation actuelle n'est pas pour plaire aux syndicats, qui regrettent que l'actionnaire qui a fait partir Dennis Hennequin vienne aujourd'hui prendre la tête du groupe. Et de rappeler que comme au foot (Sébastien Bazin a été président du PSG), "C'est le travail collectif qui paye, pas les tacles". Quoiqu’il en soit, Sébastien Bazin ne vient pas redresser la barre, tout au plus lui donner un nouveau cap. Les résultats qui seront publiés dans quelques heures sont loin d'être mauvais et Accor reste dans le peloton de têtes des groupes hôteliers mondiaux.

Mais trois patrons remerciés en huit ans, c'est beaucoup. Trop pour rassurer en interne. Accor porte désormais un regard financier fort sur l'avenir avec, dans les cartons, une marge d'exploitation espérée de plus de 15% en 2016. Et pour les acheteurs voyage, ceux pour qui l'hôtellerie est un enjeu important, ce changement va t-il modifier la politique corporate du groupe Accor ? Sans doute pensent les spécialistes. Et de se rappeler une phrase de Yann Callière à Barcelone à l'occasion de l'inauguration du Pullman Skipper en 2009 : "Un hôtel c'est plus qu'un prix, c'est la certitude d'y être bien, quelles qu'en soit les raisons, qui pousse un client à venir. Notre mission est de tout mettre en œuvre pour faire qu'un hôtel Accor soit autant le choix du cœur que celui du financier". Prémonitoire ?

Pierre Barre