Aérien : casse toi tu pues !

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Un récent sondage de SkyScanner, un site de vente en ligne de voyages, établit la liste des voisins les plus redoutés par les voyageurs en avion. Comme on pouvait s’y attendre, les mauvaises odeurs tiennent le haut du pavé suivies par les obèses, les personnes ivres et… les bébés, sans doute pour les pleurs répétés. Rien de surprenant si ce n’est que depuis quelques temps, des compagnies américaines traquent les voyageurs qui sentent mauvais. Discrètement, il s’entend.

Voilà quelques années, l’un de nos présidents voulant faire un mot d’esprit avait associé les odeurs aux cages d’escaliers de certaines cités HLM. Un de mes amis sénégalais m’avait alors expliqué avec beaucoup d’humour que «L’homme supporte les odeurs mais pas les dix kilomètres à pied pour aller chercher de l’eau». Une réminiscence de son enfance passée dans un petit village à 80 km de Saint Louis. Pour mon ami, l’eau était un bien trop précieux pour jouer avec ou se laver tous les jours «ce que le corps ne demande pas», avait-il conclu. De fait, dans les pays où l’eau est un bien aussi précieux que la vie, le respect des traditions et l’acceptation des coutumes est essentielle. S’en plaindre serait manquer de respect. La relation aux odeurs est donc une vision très européenne. Dans un pays comme le nôtre, grand producteur de parfums, la notion de «bonne odeur» est complexe, scientifique voire sociétale. Elle s’associe à l’élégance, le bon goût, le savoir-vivre. «Une femme qui ne sent rien, c’est comme un camembert sans goût» disait Jean Patou. Et de fait, l’art de vivre à la française a été pendant longtemps associé à des effluves capiteuses, aujourd’hui vieillottes. On comprend pourquoi Westjet ou d’autres compagnies américaines incitent leurs passagers à ne pas utiliser trop de parfum avant de monter à bord de l’un de leurs appareils. Un conseil judicieux pour ne pas importuner les autres passagers. Car globalement, les mauvaises odeurs naissent souvent d’une envie de bien faire. On en fait trop, pour soi comme pour les autres. Faudra-t-il alors établir un code de bonne conduite pour les odeurs ? Sans doute, si l’on en croit les responsables de compagnies aériennes outre-Atlantiques pour qui l’expression «Je ne peux pas sentir mon voisin» devrait prendre toute sa valeur.

Marc Dandreau