Air Austral: Mayotte et un Dreamliner lui donnent des ailes

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Air Austral a reçu son premier Dreamliner B787-8 et avant de rejoindre Mayotte où il desservira Paris en vol direct, le Boeing s'est posé à Paris le 24 mai. La compagnie réunionnaise a profité de cette "escale" pour présenter ses projets pour cet avion ainsi que son réseau.

Après avoir réceptionné son premier B787-8 le 23 mai sur l'installation de Boeing à Everett (USA), Air Austral a mis le cap sur Paris Charles de Gaulle où il s'est posé vers 5h30 ce mardi. Pierre Bosse, Directeur Général Adjoint Opérations Aériennes, Exploitation, Maintenance se réjoui: "C'est le premier Dreamliner français à se poser à Roissy".

L'arrivée du Dreamliner au sein de la compagnie est le résultat d'une bonne équation et d'un bon timing. Alors qu'Air Austral cherchait un avion "pas trop gros" pouvant assurer des long-courriers, et viable économiquement, Boeing lui a proposé les Dreamliner B787-8 d'une commande annulée d'ANA.

L'appareil, d'une capacité de 242 sièges, est équipé en biclasse : la classe Affaires Club Austral proposant des sièges lit-plats et une gamme Eco. La Premium n'est pas présente dans cet appareil. "La carlingue du Dreamliner était déjà montée. La conception faisait que nous ne pouvions pas avoir trois classes. Il a fallu faire des choix", explique Pierre Bosse. Les nouveautés et innovations du Boeing sont bien présentes comme des hublots plus grands, un éclairage dynamique avec des LED, une pressurisation plus basse ou encore une meilleure hygrométrie.

Une arrivée qui booste l'offre
Ce Dreamliner sera suivi par un second appareil en octobre. L'un sera déployé sur le réseau grand océan indien tandis que le second sera sur le réseau européen. "L'arrivée des Dreamliner va libérer beaucoup d'heures de vol pour les B777 et redéployer les capacités", explique Jean-Marc Grazzini, Executive Vice Président Commercial. L'offre sera augmentée entre la Réunion et Maurice. Le transporteur a également prévu de lancer une 3ème fréquence hebdomadaire sur sa desserte de Johannesburg ou encore de dédoubler la ligne La Réunion - Madras – Bangkok. "Notre offre SKO va ainsi augmenter de 10% lors du programme d'hiver 2016" ajoute Jean-Marc Grazzini.

En outre, la liaison Antananarivo - La Réunion - Guangzhou, développée en partenariat avec Air Madagascar, est sur de bons rails. Les deux compagnies attendent les autorisations chinoises indispensables pour lancer la ligne. Les deux dirigeants espèrent ainsi que l'ouverture aura lieu en novembre prochain.
Mayotte se fait plus proche
Le Dreamliner assurera le 10 juin prochain le premier vol direct régulier entre Paris et Mayotte de la compagnie. Le temps de trajet de cette liaison bihebdomadaire est de 9h20 contre actuellement 17 heures via la Réunion. L'entreprise qui souhaite participer au désenclavement du département français, propose un prix d'appel pour l'aller-retour à partir de 750€. "Cela représente une réduction d'une centaine d'euros par rapport au tarif Paris – Mayotte via La Réunion", précise Jean-Marc Grazzini.

Se lancer sur cette île située dans l'archipel des Comores - où il reste beaucoup à faire dans le secteur du tourisme tant pour le Loisir que le Corporate (seulement 20% en valeur pour Air Austral) - semble périlleux. Mais la compagnie est confiante: "Nous sommes largement au dessus de nos prévisions pour juin, juillet et août. Le taux de remplissage dépasse les 80% visés", se réjouit le cadre.

Air Austral a d'ailleurs de grandes ambitions pour le petit département. Elle compte sur ce vol direct pour alimenter les lignes de sa filiale mahoraise EWA Air dont elle détient 52% du capital. "Nous pourrions faire de Mayotte un nouveau mini-hub régional".

French Blue : un projet observé avec recul
French Blue, la nouvelle low-cost d'Air Caraïbes, a annoncé son arrivée sur la route Paris-Saint Denis pour juin 2017. Air Austral, leader sur l'axe Paris-Réunion, prend ce projet avec recul. "Nous attendons de connaître leurs intentions. Nous réagirons de façon précise lorsque leurs ambitions seront claires", précise Jean-Marc Grazzini, remarquant que French Blue a déjà modifié ses projets depuis sa présentation en mars. Toutefois, il reconnaît que la venue d'un nouvel acteur dans le ciel réunionnais risque d'être compliquée "avec déjà quatre compagnies sur la ligne, il n'y a guère de place pour une cinquième" estime-t-il.