Air France : « Tenez bon Monsieur de Juniac »… nous écrit un chef d’entreprise

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Il y a toujours un moment où l’on doit dire stop au toujours plus. Surtout quand ce « toujours plus » est confus pour les clients et les utilisateurs d’un transporteur, fut-il ferroviaire ou aérien. Guillaume Pepy l’a compris en juin dernier. Qu’en sera-t-il avec Alexandre de Juniac. Nous publions ci-dessous la lettre d’un chef d’entreprise lyonnais qui a souhaité garder l’anonymat. Son seul et unique message est simple : «il faut faire plier les pilotes quoiqu’il en coûte, sinon c’est une spirale infernale qui attend Air France et ses clients».

Monsieur le Rédacteur en Chef,

Je lis avec attention vos informations quotidiennes autour de la grève des pilotes d’Air France. Je suis étonné de tant de complaisance pour une catégorie professionnelle qui n’a pas encore compris que le monde change et qui s’accroche à une bouée déjà percée en espérant que l’employeur la maintiendra à flot.

Le nouveau monde économique est fait de concurrence, de batailles féroces autour des prix, de compétitivité et de challenges.  Les « seigneurs des airs » comme vous les appelez ne regardent pas autour d’eux. Des jeunes pilotes sont prêts à les replacer tout comme des professionnels chevronnés qui se contenteraient de ce qui est offert aux personnels débutants d’Air France.

Si vous cédez, Monsieur de Juniac, vous aurez tout perdu. Perdu une clientèle qui ira voir ailleurs le meilleur rapport qualité/prix (ce que je fais déjà). Perdu une clientèle à la merci de la moindre saute d’humeur des salariés d’une entreprise, qui du sol aux avions, ne sont pas avares en jours de grève. Perdu enfin, le plus important, la confiance entre vous et moi.

Aujourd’hui, comme le dit avec ses mots le patron du café au coin de mon entreprise « j’te foutrais tout ça dehors. Des gars qui veulent bosser, y’en a des dizaines ». Avec mes mots à moi, je vous dirais la même chose. Le change management ce n’est pas faire du neuf avec du vieux, c’est faire évoluer le regard et les process. Le sens de l’écoute collective ne saurait passer par le seul corporatisme. Et pourtant, à vous entendre, négocier est le seul mot. Foutaises !

Monsieur le Président, il vous faut faire plier les pilotes quoiqu’il vous en coûte, sinon c’est une spirale infernale qui attend Air France. Qui nous attend. Et autant vous le dire, l’offre est assez large pour se passer d’Air France. Pour moi qui pars de province, je peux faire l’impasse sur cette compagnie tricolore où les pilotes sont incapables d’un moindre effort collectif en cas de difficulté économique.

Qu’importent les 10 ou 15 millions perdus chaque jour. Décrétez un chômage technique, fermez les pôles non profitables du groupe et profitez de l’occasion pour remettre à plat l’ensemble de la compagnie. Le mal est  déjà fait depuis 4 jours. La douleur ne saurait-être plus intense. Croyez-moi, elle ne va pas s’amplifier. . Profitez-en. Regardez du côté de British Airways ou de la Lufthansa. Un grand chef est toujours celui qui agit dans l’intérêt de l’entreprise et de ses salariés, non celui qui le fait pour être apprécié de tous.

On ne gouverne pas dans l’eau tiède. On se magnifie dans la crise.
Je ne sais pas si vous lirez ces lignes, mais sachez que bon nombre d’entreprises pensent ce que j’écris là. Vous remerciant pour le temps consacré à ce message,

En souhaitant courage à tous les patrons qui comme moi font voyager leurs salariés pour faire vivre leur entreprise !

Un client déçu, énervé,  lassé mais loin d’être résigné
FD