Air France: à la recherche d’un nouveau souffle

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Une semaine après l'éviction de Pierre-Henri Gourgeon, Air France attend l'arrivée de son nouveau PDG, Alexandre de Juniac, prévue mi novembre. Et pendant que les négociations se poursuivent pour tenter d'éviter la grève, les salariés espèrent un nouveau souffle pour le compagnie, aujourd'hui sous pression de ses actionnaires mais aussi de son associée, KLM.

Ecarter brutalement le patron, même si ce n'est pas dans la culture de l'entreprise, c'est plutôt facile à faire lorsqu'un conseil d'administration ne supporte plus les diktats et les monologues dudit patron, devenu sourd aux alertes de toutes natures. Relancer une entreprise de 50 000 salariés en perte de vitesse et dans un contexte économique morose, voilà qui va être une autre paire de manches. Le nouveau PDG Alexandre de Juniac n'est pas encore arrivé, mais il aura peu de temps pour analyser, comprendre et détecter les nouveaux acteurs de la relance. Car nul doute qu'il lui faudra trouver des talents pour imaginer une stratégie et la mettre en œuvre, et les cadres réunis mardi dernier par Jean-Cyril Spinetta, même s'ils apprécient globalement son retour aux manettes, sont un peu restés sur leur faim. La compagnie doit reprendre une vision, un souffle.
Depuis 10 ans, le pavillon français a perdu des parts de marché, et le mouvement s'accélère depuis que les voyageurs d'affaires de province ont pris l'habitude d'emprunter les low-costs et les compagnies étrangères qui viennent les draguer à Marseille, Lyon ou Bordeaux notamment, leur évitant d'affronter le hub parisien. La complexité de Roissy et son inorganisation - associée à l'impossibilité de relier rapidement Orly à Roissy - sont devenus des handicaps. Tant qu'à avoir une escale, Londres ou Francfort feront l'affaire ! La création de la base de Marseille est bien sûr une réponse à cette captation du marché par les autres, mais il y a urgence à reconquérir cette clientèle. Agir, et vite. C'est ce que demande le marché si la compagnie ne veut pas le laisser filer aux autres. C'est aussi ce qu'exigent les néerlandais de KLM, quelque peu lassés d'avoir le sentiment de s'être associés à un pachyderme. Un regard neuf sur la compagnie suffira t-il à booster Air France ?

Annie Fave