Air France : décision après l’été pour les bases de province

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Air France a mal à son court et moyen courrier. Ce n'est pas une découverte et l'arrivé de HOP!, sensée bousculer les habitudes, devra montrer son efficacité. Côté bons points et malgré des résultats piteux, Air France récolte les premiers fruits de son plan de redressement. Mauvaise nouvelle, pour réussir son pari, la compagnie devra revoir ses effectifs aux escales, repenser un vaste plan de départs volontaires et accepter l'idée que réduire sa masse salariale ne se fera pas sans peine.

Les résultats publiés vendredi mettent le doigt sur les problèmes. La recette unitaire au siège augmente, mais les charges d'exploitation aussi, si bien que les efforts restent à faire, en particulier sur le personnel dont les charges augmentent de 2,7 %. C'est en particulier l'avenir des bases de province qui se posera rapidement. Pour Jean Cyril Spinetta, qui reconnait que l'activité moyen courrier pèse fortement sur les pertes, "il faut attendre la fin de l'été pour faire le point sur l'avenir des bases de province". Officiellement, pas question de les fermer. Tout au plus, faudra t-il repenser l'offre et limiter le nombre de destinations. Conserver les seules navettes pour alimenter le hub, l'idée est séduisante même si la SNCF fait remarquer que les accords avec le monde de l'aérien sont une première réponse à ce développement d'Orly ou Roissy.
Vues en interne, ces interrogations ne sont pas bonnes pour le moral. Avec aujourd'hui environ 100 000 salariés, le groupe Air France-KLM est un mastodonte face à ses concurrents (British Airwais, Lufthansa...) et la réduction de la masse salariale s'impose. Mais pour beaucoup, Transform 2015 devra aller plus loin. De nombreux salariés sont conscients que la sortie de crise se fera dans la douleur et sans doute pas dans les seules négociations. L'exemple de la grève perlée d'Air France à Marseille est révélateur. Dans la cité phocéenne, la maintenance et l’accueil-embarquement et du support (administration) - soit en tout 700 salariés - sont en grève. Ils protestent contre la suppression de 9 jours de RTT. D'autres conflits pourraient naître là où on ne les attend pas.
L'autre sujet, c'est le prix moyen du segment, un véritable juge de paix. Air France ne doit pas être plus chère que la concurrence à services identiques. Y compris sur les classes à très haute contribution. Seule la capacité de l'entreprise à s'adapter aux prix moyens du marché fera la différence. Voilà donc la feuille de route de la compagnie où séduire l'interne sera tout aussi important que l'externe. Les clients, au fait des enjeux, ne manqueront pas d'être plus durs lors des négociations 2013. Beaucoup le disent. Mais que feront-ils exactement ?

Marcel Lévy