Air France : des élections pour peser sur l’avenir

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Du 10 au 26 mars prochain, les salariés d’Air France vont élire leurs représentants au Conseil d’administration de la compagnie. A priori, pour le voyageur comme pour l’acheteur, cette opération - strictement interne - ne devrait pas peser sur les déplacements quotidiens. A priori seulement, car certains dossiers explosifs font l’objet de surenchères syndicales pour attirer les salariés.

Au moment même où l’on apprend qu’Air Berlin discute avec Air France d’un projet de partage de codes, qui vient a priori se heurter avec la vision du court moyen-courrier de la compagnie française, les salariés se demandent qu’elle sera la stratégie de l’entreprise ces prochains mois. À l’évidence, tous sont pour la sortie de crise et le retour de la compagnie sur la grande scène internationale. Mais une fois les envies exprimées, il faut analyser les faits.

Premier dossier complexe, les escales. Celles de Corse, héritages d’un passé florissant, sont loin d’être des exemples d’une gestion réfléchie et logique et l’arrivé de Hop! ne change rien au problème. Pléthoriques, ces escales Corse devraient raisonnablement perdre 50% de leur effectif. Mais comment faire ? Comment annoncer à des personnels que les emplois ne sauraient être conservés ? Épineux sujet qui va se démultiplier et presque toutes les escales ou bases sont concernées, que ce soit à Nice, Marseille ou Toulouse.

L’ouverture à Etihad inquiète aussi. Selon nos sources, plusieurs dirigeants de compagnies européennes auraient fait part de leurs inquiétudes au patron d’Air France. Christopher Franz, qui quitte Lufthansa pour Roche, se serait même fendu d’un courrier pour exprimer ses interrogations sur le sujet. La compagnie allemande dément... Mais au-delà, la stratégie de l’araignée mis en place par le transporteur du Golfe ne saurait être profitable à Air France qui veut faire de Roissy un hub alors qu’Etihad veut conduire le passager à Abu Dhabi.

La possible entrée d’Alitalia dans le giron d’Etihad inquiète les salariés qui s’effraient de la tenaille financière mise en place. Conscient que l’avenir passera par une concurrence féroce, et donc un alignement des prix, il est évident que l’optimisation des coûts passera par une remise à plat drastique des personnels. Là sera l’enjeu des élections. Les syndicats le savent et la bataille de tracts engagée ces dernières semaines le confirme. Pour exemple, cette phrase issue d’un tract de la CGT : «Pour ce qui concerne la valeur de notre travail, elle est passée aux oubliettes en même temps que les exigences de sûreté et de sécurité maximales en vigueur jusqu’ici». Pas de cadeau.

Hélène Retout