Air France : la grève ? Quelle grève ?

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Le mouvement de grève des PNC du 20 au 24 novembre à Air France est disons le un échec. Sens des responsabilité ou manque d'influence, les syndicats ne font pas recette et pour tout dire, ne sortent pas renforcés de leur attitude face à un personnel inquiet qui attend plus qu'une grève ou qu'une menace de grève pour retrouver le moral.

Depuis octobre dernier, les sections PNC de FO, du SNPNC ou de la CFDT menaçaient la compagnie de grèves dures et suivies. Aujourd'hui, seuls SUD Aérien et l'UGICT CGT maintenaient le mouvement. On peut contester leurs choix mais respecter leur constance face à leurs adhérents. Il reste qu'il y a de l'intelligence à ne pas poursuivre un mouvement au bénéfice du dialogue. En cette période économiquement troublée, le bon sens prime sur une vision caractérielle du vieux combat patron/salariés. Bien sûr, on peut toujours crier au loup à condition d'avoir les moyens de mordre. La grève est loin d'être le seul et unique moyen de dialogue au sein d'une entreprise mais pour le voyageur, ces "pas de danse" incompréhensibles fatiguent. Pire, alors que le mouvement est levé, il restera toujours dans l'esprit du client que la compagnie Air France est une usine à grèves et que la choisir pour ses déplacements professionnels est un risque fort. Bref, dans tous les cas, ce qui est présenté comme un atout pour la compagnie aérienne devient un boulet pour l'entreprise cliente.
Sur le fond, le mouvement est loin d'être compréhensible. Pas une organisation syndicale ne semble défendre le même but. Les salaires pour les uns, les horaires pour les autres, la taille de la casquette du commandant pour certains. Un mouvement logique, clair et légitime doit être partagé par tous, expliqué simplement à celles et ceux qui pourraient en être les victimes : les clients.
Au delà, Air France n'a rien senti. Par le jeu des équipages, et l'obligation pour le personnel de se déclarer gréviste 48 heures à l'avance, la compagnie a remis à plat l'ensemble de son plan de vol. Pas l'ombre d'une perturbation à l'horizon. Et Dieu sait qu'en avion, on voit tout cela de haut.

Marcel Lévy