Air France, le hara-kiri des pilotes est-il programmé ce 10 septembre?

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Au risque de faire sourire, on peut dire qu’organiser une réunion cruciale pour ne pas dire vitale, la veille du 11 septembre… C’est risqué dans l'aérien. Mais pourtant, le SNPL devra décider si, oui ou non, il accorde sa confiance à la direction d’Air France et s’engage dans de nouvelles négociations. Faute de quoi, la compagnie a été claire : les licenciements secs seront engagés.

Au sein d’AF, le jusqu’au-boutisme des seigneurs des airs agace. Le moral est loin d’être au beau fixe et les PNC comme les personnels au sol se demandent si tout cela ne va pas conduire à la faillite lente, mais certaine de l’entreprise. Sans un avenir serein, la confiance indispensable à la qualité du service sera ébranlée. Air France n’a pas besoin d’un personnel démoralisé pour avancer.

L’enjeu de la réunion du SNPL est simple : accepter les 10 % de productivité supplémentaire demandés par la direction. Mais attention, désormais on va vérifier, contrôler la bonne tenue de l’objectif et ne pas se fier aux indicateurs mis en place pour Transform 2015 et dont la justesse laissait à désirer.

Que risquent les pilotes ? Une baisse des salaires et une hausse de la productivité. Rien de très grave, car à ce jour, ils volent moins que leurs concurrents européens, asiatiques ou ceux du Moyen-Orient. Mais pour les autres syndicats du groupe, rien ne dit qu’en cas d’accord, les licenciements secs ne seront pas repoussés de quelques mois au pire, de quelques années au mieux. Car globalement, Air France n’est plus dans les clous de la concurrence. Certes Hop! Air France semble se maintenir dans son prévisionnel. Il n’en va pas de même pour le moyen et le long courrier. Idem pour les escales en France, Il faudra les dégraisser pour coller à la concurrence. Qui s’attaquera à la manœuvre ?

L’Etat, qui a un œil sur la situation, aimerait bien qu’un spécialiste de l’aérien prenne en main les rênes de l’entreprise. Voudrait-il désavouer de Juniac ? Certainement pas, il en avait la possibilité voici quelques mois et il a conforté l’actuel patron, le gratifiant au passage de « sa confiance ». Mais le vent peut changer. Manuel Valls aurait demandé a être informé régulièrement de la situation de la compagnie. Pas question de laisser passer les licenciements secs en cette période, le plan B ne plait pas au Chef du gouvernement.

Et après ? Le plan C serait-il aussi dans les cartons ? Selon nos sources, difficiles à vérifier il est vrai, le départ de Bruno Matheu chez Etihad ne serait pas le seul fruit du hasard. Sa mission, discrète (secrète ?) pourrait être d’étudier et d’envisager un rapprochement capitalistique entre les deux compagnies. Un plan d’action serait alors imaginé comme pour Alitalia ou Jet Airways. La montée au capital d’Etihad permettrait un sauvetage de la compagnie. Balivernes ? Sans doute, mais méfions-nous des analyses dites ridicules, on a vu pire ces dernières années dans le monde du transport aérien.

Quoiqu’il en soit il faudra aller vite. Chez KLM, on s’agace de la situation d’Air France. Pour le syndicat batave, VNV, les pilotes français donnent le plus mauvais exemple de l’esprit d’entreprise. En interne, on veut croire à un sursaut même si "les pilotes français sont capables de tout et surtout du pire". Une vision sévère, mais il faut dire que les pilotes hollandais se sont dits favorables aux mesures d’économie et en appellent à l’union sacrée pour sauver l’entreprise… Ils oublient que notre fameuse nuit du 4 août 1789 n’a pas aboli les privilèges, elle les a juste transférés.