Air France mise sur l’Afrique: « c’est un client sur cinq »

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En Afrique, la bataille pour la conquête du ciel fait rage. Sur ce marché historique, Air France souhaite remonter en gamme mais aussi poursuivre sa stratégie d’alliances.

Comme l'explique notre confrère et partenaire l'Echo Touristique, si la stratégie de Ben Smith, le nouveau DG d’Air France, n’est pas encore totalement définie, une chose est claire, il souhaite miser sur le Premium et la « montée » en gamme d’Air France. Le refitage des 15 Airbus A330 – même si les 140 millions d’euros nécessaires avaient été budgétés bien avant son arrivée – entre pleinement dans cette nouvelle orientation. Ces cabines toutes neuves seront progressivement déployées sur toutes les destinations exploitées avec le plus petit des appareils long-courriers d’Air France, à raison d’un avion par mois jusqu’en 2020.

Sur les 15 destinations desservies avec ce type d’appareil par Air France, c’est Accra (Ghana) qui a été choisie pour les inaugurer. Ce qui n’est pas le fruit du hasard. D’abord, l’Afrique représente un tiers de ces dessertes avec cinq destinations que sont Ouagadougou (Burkina Faso) Cotonou (Bénin), Lagos (Nigéria), Niamey (Niger). Elle occupe donc une place de choix dans le réseau des A 330. Ensuite, la ligne qui fait une boucle Paris-Accra-Ouagadougou-Paris-Ouagadougou-Accra "observe un très fort taux de remplissage, entre 80 et 85%", explique Franck Legré, directeur général Afrique d’Air France-KLM. "Elle affiche une croissance de 6% en 2018 (soit 295 000 passagers pour le groupe, NDLR). La nouvelle cabine nous offre 20 sièges en plus en Economy, ce qui représente 7% de sièges en plus." L’avion est ainsi composé de 36 sièges en Business, 21 sièges en Premium Economy et 167 sièges en Economy.

Le groupe pourrait donc très vite tirer profit de cette ligne – déjà rentable – grâce aux nouvelles cabines, plus modernes et agréables que les précédentes, vraiment "défraîchies" aux dires de beaucoup d’habitués de la ligne. "Cette mise à niveau était nécessaire pour pouvoir avoir une offre comparable à celle de KLM, elle aussi présente à l’aéroport international de Kotoka d’Accra." Ce double hub (et c’est le cas également à Lagos, Luanda et Nairobi) est du pain béni pour le groupe franco-hollandais. Les aéroports de CDG et Schiphol desservent très bien les destinations affinitaires ghanéennes que sont l’Angleterre, le Liban, l’Allemagne.

Plus que jamais, Air France compte sur ses compagnies partenaires. En Afrique, la compagnie collabore avec Air Côte d’Ivoire avec laquelle est envisagé un partage de code, Air Sénégal avec qui elle fait de l’interligne sur Dakar, Kulula.com, en partage de code vers Durban, East London, George, Lanseria. Mais aussi Delta bien sûr, qu’elle vient d’intégrer à son programme Blue Biz BlueBiz pour les PME-PMI. Tout comme Kenya Airways, qui enrichit elle aussi le réseau d’Air France KLM de 26 destinations, grâce à une joint-venture.

Voilà pourquoi le groupe peut se targuer de capter 20% du trafic entre l’Afrique et l’Europe et l’Afrique vers les Etats-Unis. "Le marché africain, dans sa diversité, représente 16,4% du chiffre d’affaires long-courrier d’Air France, et à peu près un passager sur cinq", précise Franck Legré.

Et pour contrer la grande rivale sur le marché africain, Ethiopian Airways, Air France souhaite augmenter les fréquences vers Nairobi qu’elle a ouvert en mars 2018, passant de 3 à 5 vols hebdomadaires. La bataille s’annonce rude. La première compagnie africaine, qui est entrée au capital de quatre compagnies subsahariennes en août dernier, est soutenue par la plus grande alliance commerciale mondiale, Star Alliance (Lufthansa, United Airlines, Air Canada, Singapore Airlines) la rivale de celle d’Air France-KLM, Skyteam.