Air France, pas de grèves en vue… pour le moment

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Comme tous les journalistes, nous nous sommes attachés depuis l'annonce du plan de redressement chez Air France à prendre la température de celles et ceux qui sont directement concernés par l'annonce d'Alexandre de Juniac sur la diminution des effectifs. Faut-il y voir une prise de conscience collective ? Toujours est-il que, pour l'heure, les syndicats se disent attachés à la négociation. Pas de rejet en masse du plan présenté s'il garantit dans le temps qu'il n'y aura pas de licenciements secs.

Mais peut-on l'affirmer aujourd'hui sans être démentis dans quelques semaines ? Quelques "va t-en guerre" refusent la situation d'économies forcées imposée par la direction. Comme pour une politique voyages dans l'entreprise, l'exemplarité pèsera de tout son poids. "Si tous les avantages sont supprimés, ils doivent l'être pour tout le monde, sans exception", explique un syndicaliste de Sud Aérien qui ne veut pas entendre parler de recrutement possible à la Direction Générale alors que la base doit se serrer la ceinture. Et d'aller plus loin : "Il y a plus de cadres et de chefs que d'hommes sur le terrain". Affirmation un peu hâtive qui résume bien l'état d'esprit du moment. Mais au delà, ce que l'on pouvait craindre, c'est l'appel à une grève à quelques jours des vacances. Température prise, ni la CGT, ni la CFDT, et encore moins les pilotes et les PNC, ne sont dans cet état d'esprit. "Mais attention", précise un responsable, "Cela ne veut pas dire que nous allons tout accepter et que les moyens de lutte vont être oubliés pour faire passer un plan qui pèsera sur le travail de chacun d'entre nous". La négociation débute pour un nouveau CCE ce 28 juin et des signatures attendues par la Direction dans la foulée.
Pour la concurrence, "Air France est malade de ses vieux démons". A British Airways, on constate que la compagnie française se retrouve dans la même situation que celle vécue en Angleterre il y a quelques années. "Air France a un long chemin à faire pour rester dans le club des grands", commente un responsable d'Unite, syndicat britannique de BA, "Mais il faudra se battre pour chaque poste, chaque modification de statut car au final, ce sont nos clients qui pâtissent de nos erreurs. Et sans client, il n'y a pas de compagnie aérienne". En affirmant que les discussions avec Etihad était finies, mais pas d'éventuels partenariats commerciaux, Alexandre de Juniac a fermé un peu trop vite la porte aux compagnies du Golfe. D'autant que l'on susurre aujourd'hui que le Qatar se serait rapproché d'Air France. Juste pour voir. C'est vrai qu'on ne prête qu'aux riches. Enfin, la refonte du pôle régional n'a pas fini de relancer les débats. Chez Brit Air, Regional ou Airlinair, la crainte d'une fusion qui verrait des postes être supprimés, est bien réelle.
En fait, l'annonce d'Air France n'a pas réglé les problèmes, tout juste a t-elle lancé le débat. Signeront, signeront pas ? Malgré la menace du PDG de la compagnie, les décisions ne sont pas toutes prises et se prendront, sans doute, dans la douleur.

Hélène Retout