Air France, qui ouvrira le feu des négociations salariales?

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C’est le 25 février prochain que débutera chez Air France le CCE sensé aborder le départ volontaire de 1400 à 1600 salariés de la compagnie. Un sujet épineux qui ne devra pas occulter les autres grands dossiers que devra gérer AF ces prochains mois.

L’embellie financière, en grande partie liée au pétrole, ne doit pas faire oublier les problèmes posés par le SNPL, les PNC ou les salariés au sol. Autant de catégories professionnelles qui veulent leur part de la nouvelle richesse affichée par AF. Mieux, ils souhaitent engager des discussions globales sur un avenir qu’ils jugent un peu sombre depuis l’annonce du sureffectif calculé par la direction : près de 2000 salariés dont 280 pilotes.

Pour Mehdi Kemoune, le patron de la CGT d’Air France, "La compagnie devra préciser ses objectifs en matière d’emploi ", d’autant que des sources internes font également état d’un sureffectif au sein des bases de province, au moins 2000 équivalents temps plein, qu’il faudra optimiser d’ici 2017. Les quelques 400 millions d’économies réalisées sur la facture pétrolière doivent, selon les syndicats, se retrouver dans les poches des salariés. Or, "La promesse est tout autre", commente un responsable de la CFDT, "On nous parle de départs volontaires alors qu’il faudrait renforcer les points faibles de l’opérationnel ".

Même sentiment chez les pilotes. Le SNPL ne cache pas qu’il attend les propositions de la compagnie pour les prochaines rencontres prévues à partir du 10 mars. D’autant que le menu sera chargé après l’échec des négociations en octobre dernier. Dans un communiqué de presse du Syndicat de pilotes, les menaces sont précises : en l’état, le plan proposé par la direction ne sera pas signé par les pilotes. Pire, ils se disent prêts à de nouvelles actions pour défendre leur statut. Une position extrême qui n’effraie pas la direction persuadée que la dernière grande grève va servir de leçon au jusqu’aux-boutistes.

Et sur le fond, les positions sont loin d’être proches. Le SNPL réclame une lisibilité accrue sur la stratégie et le développement de la flotte pour répondre aux enjeux de la concurrence. Pour les pilotes, le désendettement est un faux problème et ils estiment que "Seul l’investissement donnera du poids à la compagnie". La direction, elle parle toujours de productivité et réclame toujours l'application de l'intégralité des promesses contenues dans Transform 2015. Autant de divergences qui devront trouver solutions pour éviter de pourrir l’ambiance.

Pour les PNC, les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) 2016 se concluent par une proposition de la Direction jugée inacceptable. Le rejet massif de la prime de 300 € pour les PNC ou de 400 € pour les cadres est très éloignée des attentes du personnel. Ce qui est certain, c’est qu’AF n’ira guère plus loin dans son offre. Les PNC le savent. Que vont-ils faire ?

Enfin, que pensent de tout cela les personnels du siège et les administratifs ? A vrai dire, rien de très précis. Beaucoup se disent "rassurés" par la volonté affichée de dialogue de la direction mais aucun n'oublie pas la vision vindicative des pilotes. "C’est souvent par le SNPL que les problèmes arrivent ", grogne un cadre du service des ventes "A croire qu’il leur en faut toujours plus. Ils n’ont pas l’esprit d’entreprise mais souvent l’esprit de caste".

Voilà donc posées les questions qu’Air France devra aborder rapidement. La compagnie sait parfaitement qu’avec les bons résultats financiers, personne ne lui fera de cadeaux. Les prochaines semaines risquent d’être bousculées.

Pierre Barre