Air France, réussir pour survivre. Pas d’autre choix possible.

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L'avenir d'Air France se joue concrètement ces prochains mois. Frédéric Gagey, le nouveau boss de la compagnie, devra démontrer à l'occasion d'un nouveau CCE, ce 4 octobre, qu'il a de la suite dans les idées et que pour lui comme pour de Juniac, la rigueur dans la gestion du personnel et la maîtrise des coûts sont essentiels à l'avenir de la compagnie. Face à lui, des syndicats qui veulent faire des efforts mais qui refusent de voir leurs avantages gommés d'un coût d'un seul.

Quel point commun peut-il y avoir entre un commandant de bord, payé entre 8 et 10 000 € par mois et un salarié au sol qui culmine royalement à 22000 €/an en fin de carrière ? Aucun me direz vous. Leurs problématiques sont différentes et leurs attentes peu comparables. Et pourtant, les deux veulent que l'on ne change pas grand chose à leur quotidien. Tout au plus des contraintes horaires, quelques heures en plus et s'ils acceptent un gel provisoire des salaires c'est, comme le dit Sud Aérien, un accord qui devra devenir "financièrement concret" dès que la reprise pointera son nez dans l'aérien. Côté pilote, en interne, on regarde attentivement les offres d'emploi des compagnies chinoises ou celles des pays du Golfe. Le chômage s'éloigne même si les conditions de travail sont bien différentes chez Emirates ou China Airlines. Mais la demande en pilotes remonte. Pour les PNC, il n'en va pas de même. Certes les recrutements sont permanents chez Qatar ou Etihad mais comme me l'avouait une hôtesse : "Ce n'est pas bon de venir d'Air France, on a vite fait de vous traiter de fainéante".

En décembre 2012, 69 553 personnes travaillaient chez Air France et dans les filiales du groupe contre 31 191 chez KLM. Pour les spécialistes, il faudrait ramener le mammouth à 50 000 personnes chez Air France. Vaste programme largement combattu par les syndicats. Peut-on imaginer d'autres solutions que "Travailler plus et mieux pour s'en sortir" ? Certainement pas pensent une bonne partie du personnel non navigant qui reconnait que l'avenir est loin d'être rose. L'ambition de faire carrière chez Air France s'estompe. De récents départs, à tous les niveaux, démontrent que la compagnie n'est plus le fleuron des entreprises françaises. Les départs volontaires annoncés dans quelques jours pourraient, selon les salariés, être complétés dès 2014 de licenciements secs. Personne ne peut l'affirmer aussi sèchement mais on ne lutte pas contre la peur du lendemain. Air France joue son va tout et s'engage, sans doute, dans un bras de fer. Comme le disait Platon : "Il faut pour renaître faire table rase du passé". Plus facile à écrire qu'à faire.

Hélène Retout