Air France, turbulences en vue pour régler la quadrature du cercle.

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La grande campagne d’économies que veut lancer Air France risque de perturber fortement les relations sociales dans l’entreprise. Si la compagnie participe, comme ses concurrentes, à la réflexion sur le découpage tarifaire des services associés au transport aérien, c’est dans l’univers des salaires que les plus belles économies seront à réaliser. Elles ne se feront […]

La grande campagne d'économies que veut lancer Air France risque de perturber fortement les relations sociales dans l'entreprise. Si la compagnie participe, comme ses concurrentes, à la réflexion sur le découpage tarifaire des services associés au transport aérien, c'est dans l'univers des salaires que les plus belles économies seront à réaliser. Elles ne se feront pas sans cris, sans grincements de dents, sans grève et sans la remise à plat d'une protection sociale considérée aujourd’hui comme unique dans le monde de l’aérien.
Comme nous l'évoquions il y a quelques mois, Air France a séparé en deux parties sa réflexion sur le processus de réduction des coûts à engager ces prochaines années. D'un côté, tout ce qui touche à la commercialisation du produit aérien, de l'autre la mise en place d’un nouveau plan de gestion de son personnel. Le domaine social constitue le premier poste concerné avec 120 millions d’euros d'économies attendues dont 66 millions pour les seules pilotes et 54 millions pour les hôtesses et stewards. Retrait d’équipages, rotations allégées, repositionnement des personnels et coup de frein sur les exigences salariales sont désormais inscrits dans les solutions à mettre en œuvre rapidement. L’augmentation du temps de travail des pilotes, fortement combattue par les syndicats professionnels, ou la suppression d’un poste de personnel naviguant sur certaines lignes, devraient naturellement suivre. La réorganisation des escales, avec la mise en place de bornes d'enregistrement pour remplacer les agents, devrait également participer au plan d'économies. La suppression de certaines lignes ou escales des filiales (Britair et Regional) jouera également son rôle. La paix sociale, achetée ces dernières années à grand renforts d’avantages, vient d’atteindre ses limites.
Casser le jouet devrait perturber l’activité de l’entreprise qui s’attend désormais à des mouvements «préventifs» de grève. Il reste qu’il n’y a pas beaucoup de solutions pour sortir de l’ornière. La seule refonte des lignes et des services ne suffira pas à sortir du rouge. L’ère complexe qui s’annonce pourrait bien remettre en cause l’image dorée de l’ancien Président Spinetta que le personnel commence à présenter comme un « démagogue sans vision à long terme ». Un comble, non ?

Hélène Retout